Commençons par « l’hydroponie ». C’est une méthode de culture éprouvée de longue date. Elle est utilisée généralement pour la culture de tomates et de laitues, le plus souvent dans des serres. Les plantes sont cultivées directement dans une solution nutritive à base d’eau contenant tous les éléments nutritifs, minéraux et oligo-éléments essentiels requis par les plantes pour leur croissance et leur fructification.

« Les plantes poussent dans des supports ou substrats inertes tels que des cailloux, des billes d’argile ou bien des tuyaux en NFT qui sont parfois utilisés pour supporter les plantes lors de culture dans des tours verticales. Premier point positif : des économies d’eau substantielles puisque cette pratique utilise généralement seulement 20% de l’eau que nécessite la culture traditionnelle en terre. Le principal problème de l’hydroponie est qu’il faut procéder au remplacement périodique de l’eau appauvrie en éléments nutritifs. C’est le principal coût récurrent de l’hydroponie » (Source). Les besoins en énergie comprennent l’aération et le pompage de la solution toutes les 4 à 6 heures bien que certains systèmes tournent en continu pour irriguer les racines sans interruption tout au long de la vie des végétaux cultivés. Consommation qui peut être réduite au minimum si la serre est à la lumière naturelle (en intérieur, c’est plus coûteux et nettement moins intéressant). Au final, la culture hydroponique est stable avec un très bon rendement MAIS elle a aussi de sérieux inconvénients : il y a rejet de l’eau polluée en sels et cristaux chimiques issus des restes de solutions nutritives, elle requiert l’achat d’engrais, Il n’y a pas de vie dans un système hydroponique et elle est rarement organique. Par ailleurs, les aliments produits sont de piètre qualité, ont un goût d’eau et sont pauvres en nutriments du fait que les hydroponistes ne se concentrent que sur les nutriments N, K et P.
L’aquaponie va offrir d’autres avantages. « C’est une méthode de culture complexe qui a évolué comme une solution efficace pour le recyclage des déchets générés dans l’aquaculture. Basée sur l’écosystème des zones humides dans lesquelles les plantes et les animaux se soutiennent mutuellement, les déchets azotés produits dans l’aquaculture des poissons ou écrevisses sont utilisés comme engrais pour les plantes cultivées en hydroponie » (source : ibid).

L’aquaponie repose sur le cycle de l’azote. Un système aquaponique est naturellement plein d’azote et des bactéries et vers aident à la dégradation des déchets des poissons en nitrates et nitrites qui peuvent être absorbés par les plantes. L’eau d’un système aquaponique est propre, n’est pas recyclée et tourne en circuit fermé. « Le seul intrant requis dans un système aquaponique est la nourriture des poissons en plus de l’électricité nécessaire au fonctionnement des pompes qui permettent à l’eau de circuler entre les bacs de culture et les bacs à poissons ». En conclusion : la FAO décrit l’aquaponie comme « une technologie durable vivement recommandée dans les zones où l’accès à l’eau et au sol sont restreints. » Il est donc logique que l’aquaponie soit souvent présentée comme la solution pour une agriculture urbaine.
En faire son métier ?
Dans les pays anglo-saxons, l’aquaponie se développe depuis les années 1970, mais en France, on ne compte que quelques 25 fermes commerciales (source). Autant dire que si vous tapez « aquaponie » sur le site de pôle emploi, vous n’aurez aucun résultat, et que la filière est à construire. Quelques rares offres peuvent être dénichées épisodiquement, mais elles demeurent extrêmement rares. Comme d’habitude allions-nous dire, le volet « adaptation » aux catastrophes à venir n’est que très peu, ou pas, pensé en France (et pas que). A vous d’estimer si vous acceptez de prendre le risque de vous engager (à plusieurs !) dans un projet de création d’activité, car ce sera, objectivement, la seule possibilité. Une rubrique « créez votre ferme en aquaponie » est accessible sur le site aquaponie.fr
Quelle viabilité économique des modèles économiques ?
Reste à savoir quel est le degré de viabilité économique de ces projets et c’est sur ce point que se sont portées nos recherches. Nous avons trouvé quelques pistes intéressantes. Ainsi, il est judicieux de lire l’article « Viabilité d’une exploitation aquaponique : analyse des causes de la faillite de l’entreprise aquaponique Urban Farmers ». En effet, La viabilité économique des projets en agriculture urbaine peut être difficile, mais en étudiant les échecs, il est possible de mieux comprendre et d’identifier les erreurs à ne pas faire. Vous verrez que le projet était bien trop gourmand en investissements et donc avec des prix ne correspondant pas au marché local. Cet autre article « Une nouvelle étude propose des scénarios viables pour la production aquaponique de taille moyenne ». Dans ce cas, l’étude conclue qu’il est possible de développer une exploitation aquaponique de taille moyenne viable en périmètre urbain à condition d’être placée dans un marché local approprié car les prix à la vente demeurent plus élevés. Cependant, avec l’effondrement prévisible de notre modèle agricole, il n’est pas dit que l’aquaculture ne devienne pas, sous peu, un modèle local (et participatif) moins cher que le « traditionnel » ! Il y a aussi l’« Etude de la faisabilité technico-économique d’un pilote d’aquaponie dans les Pays de la Loire – OPRA ». Pour les auteurs.trices, la rentabilité est bien au rendez-vous, à condition de bien choisir les culture d’espèces (à fortes valeurs ajoutées et adaptées aux saisons comme exemple la truite en hiver pour le poisson ou la fraise en été pour le végétal). Sans compter que le projet aquaponique n’est pas forcément fait seul, et s’intègre dans le modèle économique d’une exploitation qui peut aussi comprendre une dimension citoyenne, avec accueil de stagiaires voulant pratiquer l’aquaponie domestique. Etre à même de conseiller, de vendre du matériel, d’aider à l’installation etc. peut donc aussi être une piste professionnelle pertinente. A vous d’investiguer J !
Un site de référence : https://www.aquaponie.fr/
Les avantages de l’aquaponie :
- Aucun sol n’est nécessaire
- L’écosystème aquaponique est stable et équilibré
- La culture aquaponique est organique par défaut : on ne peut traiter sous peine de tuer les poissons et la vie dans le système
- Il n’y a pas de rejets d’eau car l’eau est en circuit totalement fermé
- Le seul intrant nécessaire est la nourriture des poissons
- 90 à 95% d’économies d’eau comparé à la culture classique et 10 à 15% comparé à l’hydroponie
- Permet de produire des végétaux mais également du poisson organique et ultra-frais
- Les aliments sont riches en nutriments
- L’aquaponie coûte moins cher que l’hydroponie du fait qu’il n’y a que peu d’intrants nécessaires
- On peut produire la nourriture de ses poissons gratuitement (lombricompost, élevage de limaces, larves, etc …)
- Permet la culture en petits espaces et en zone urbaine
- Contrairement à l’hydroponie, en aquaponie les légumes ont un vrai goût naturel
Quelques petits inconvénients…
- En aquaponie il faut trouver le bon compromis entre le pH pour les plantes et l’assimilation des nutriments et le pH pour les poissons ce qui limite à un pH de 6,8 à 7.
- L’aquaponie requiert un peu de connaissances en aquariophilie
- Risques de pertes en cas de défaillances mécaniques dans les installations. Mais ce qui est facilement et rapidement réparable.
Documents et liens utiles
Ethique : l’aquaponie forcément durable ? (spoiler : tout dépend de comment on la met en pratique…).
Tour d’horizon du potentiel de développement de
l’aquaponie en France (HAL)
L’aquaponie domestique, un système en symbiose où tout se transforme et rien ne se perd
L’aquaponie urbaine pour une alimentation durable – Le projet Aquacosy
Écosystèmes alimentaires urbains, un projet de ferme verticale en aquaponie
Porteurs de projet en aquaponie, les premiers pas d’une installation réussie
Formation
Aquatis propose une formation « Conception, installation et gestion d’une ferme aquaponique commerciale ». C’est ICI.
Vous pouvez aussi rechercher toutes les formations sur le site du réseau des Carif Oref (ce site est exhaustif).
https://www.intercariforef.org/formations/recherche-formations.html
Cartographie des fermes aquaponiques
Une cartographie bien utile des fermes aquaponique (hors cadre « loisir/ systèmes pour particuliers) a été créée par APIVA (Aquaponie, Innovation Végétale et Aquaculture).
A consulter ICI
