Banques et industries arqueboutées sur « l’ancien monde »

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L’ESSENTIEL

Les grands groupes industriels et financiers, tels que les entreprises multinationales de l’énergie, de l’automobile, et les grandes banques, ont traditionnellement des modèles d’affaires fortement ancrés dans des pratiques peu « durables » et c’est un doux euphémisme !

Si dans les discours, voire une partie (modeste) de leurs activités, ces grands groupes tentent de s’approprier l’idée d’une transition, leur priorité à court terme demeure axée sur la maximisation des profits, ce qui va entre en conflit avec les investissements à long terme qui seraient nécessaires pour assurer une transition écologique effective et à la hauteur des enjeux.

Selon un rapport de l’ONG Global energy monitor, les producteurs de pétrole et de gaz ont continué de valider des projets d’extractions en 2023. Au total, 20 projets de champ gaziers ou pétroliers ont été définitivement validés à travers le monde en 2023, d’après l’étude de Global energy monitor

Le rapport dresse aussi le classement des pays qui valident le plus de nouvelles extractions. En tête, on retrouve les États-Unis, suivis par le Guyana et les Émirats arabes unis. Et ce n’est pas terminé. D’ici la fin du siècle, les géants des énergies fossiles, qu’ils soient privés ou publics, espèrent lancer plus de 60 autres projets d’extraction (source).

6 896 milliards de dollars (6 400 Mds €) : c’est le montant investi par les banques du monde entier dans les énergies fossiles depuis la signature de l’Accord de Paris sur le climat en 2015, révèle la 15ème édition du rapport Banking on climate chaos.

Du côté des banques françaises, il s’avèrent qu’elles ont un peu réduit leurs investissements, mais c’est bien trop peu !

La France a octroyé quelque 67 milliards de dollars (62 Mds €) à l’expansion des énergies fossiles entre 2021 et 2023. Un soutien que l’on doit presque exclusivement (à 99%) à quatre banques : BNP Paribas, le Crédit agricole, la Société générale et la Banque populaire Caisse d’épargne (BPCE). Parmi les «évolutions notables», le rapport souligne la réduction des financements des banques françaises aux douze plus grandes entreprises fossiles (dont BP, ExxonMobil, TotalEnergies, etc) entre 2021 et 2023. Ils ont baissé de 78% pour BNP Paribas, de 82% pour la Société générale, de 63% pour le Crédit agricole et de 52% pour la BPCE. À l’échelle mondiale, les financements de ces géants des fossiles ont diminué de 67,8%. (source).

Mais cette baisse «bienvenue» des financements est en partie liée à la demande moindre des compagnies liée aux prix élevés de l’énergie sur les deux dernières années, qui leur ont permis de se passer davantage d’emprunts bancaires. Au-delà de la conjoncture, les banques françaises se sont également «tenues à l’écart» de certaines transactions avec des majors fossiles en 2023, note le rapport.

Rapport du Corporate Climate Responsibility Monitor, février 2023

Source : https://www.citepa.org/fr/2023_04_b01/

Ce rapport évalue la crédibilité des plans de transition vers la neutralité carbone de 22 grandes entreprises internationales (dont les entreprises françaises Carrefour, ArcelorMittal et Stellantis). Le rapport conclut que :

– Ce manque de crédibilité, de transparence et d’ambition génère une incompréhension, pour le grand public et les investisseurs, de ce que signifie réellement un objectif de neutralité carbone.

– Les engagements climat des grandes entreprises sont insuffisant au regard des besoins d’atténuation à horizon 2030. Au total, les 22 entreprises évaluées n’ont qu’un objectif de réduction de leurs émissions de 15%, alors qu’il faudrait presque réduire ces émissions de moitié dans un scénario 1,5°C ;

– Les entreprises évaluées font partie de l’initiative Race to Zero (lire notre article), et pourtant leurs plans climatiques ne vise à réduire que de 36% leurs émissions combinées d’ici leurs années cibles de zéro émission nette, au lieu des 90-95% requis.

– Seulement cinq des entreprises évaluées s’engagent avec sérieux dans une démarche zéro émission nette. Pour les autres, cette stratégie n’est pas étayée par des preuves suffisamment solides ;

– Ces plans manquent généralement de transparence pour présenter de façon concrète et détaillée les mesures prises, seules trois entreprises évaluées présentent un niveau de détail satisfaisant pour bien saisir le périmètre des actions menées ;

– Beaucoup d’entreprises communiquent sur des projets de compensation (via des projets externes ou internes), sans toutefois présenter des résultats tangibles. D’après le rapport, cette importance donnée à la compensation (les trois quarts des entreprises intégrant de tels mécanismes) entraîne une moindre attention à la réduction effective des émissions ;

– La plupart des sources d’émissions indirectes des entreprises ne sont pas prises en compte dans les plans climat.

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