Retour au menu

L’ESSENTIEL
Le doomisme mais aussi la simple recherche d’une « autre vie », le sentiment qu’il faut rompre avec l’entièreté du « monde d’aujourd’hui », peuvent parfois dériver sur des registres dangereux .
Au lieu de conduire à penser un monde plus juste, citoyen et solidaire, cette envie de « sécession » (« moi » ou un « nouveau nous », sans les « autres ») peut pousser certaines personnes à idéaliser un passé perçu comme plus stable et harmonieux.
Ces attitudes réactionnaires au sens propre peuvent se traduire par un repli sur des identités ethniques, nationales ou culturelles perçues comme « pures » ou « authentiques », rejetant les influences extérieures et la diversité. Cela va encourager les politiques xénophobes et nationalistes, tout comme conduire à un rejet de la « science » dans son ensemble (puisque celle-ci serait perçue comme l’une des causes ou la cause principale du « problème »).
La montée des obscurantismes est un phénomène qui peut être observé aujourd’hui dans le monde entier.
Le vent réactionnaire peut encore se traduire très concrètement par la montée en puissance de l’autoritarisme : face à la perception d’un « désastre imminent », certains peuvent soutenir des régimes autoritaires comme solution rapide et efficace pour restaurer l’ordre et la sécurité. Cela peut mener à l’érosion des libertés civiles et des droits démocratiques.
Concernant les dérives mystiques, elles vont convoquer les croyances religieuses apocalyptiques et le millénarisme.
Le phénomène de l’écospiritualité va mélanger les préoccupations environnementales et croyances mystiques. Il va consister à voir la « nature » comme « sacrée » et prôner un retour à des modes de vie primitifs et vus comme « harmonieux » avec la terre. Ce qui passe aussi très souvent par une idéalisation (à la limite de la condescendance néocoloniale !) des « peuples autochtones ».
De nouveaux mouvements spirituels ou sectaires émergent (comme « One Nation » et les « Etres Souverains« ), promettant des réponses ou des solutions « d’émancipation » dans des « communautés primales ». Ces mouvements attirent de plus en plus d’adeptes en quête de sens et de sécurité dans un monde incertain. Dans une certaine mesure, nous pouvons observer certaines dérives de ce type y compris dans des « éco-lieux ».
L’écospiritualité : quand l’écologie rencontre la spiritualité, Afis Science, décembre 2022
Extrait :
« De catastrophes naturelles en pandémies, les dernières décennies ont vu se développer un fort sentiment de malaise chez nombre d’entre nous face à la destruction de l’environnement naturel qui assure notre survie. Crescendo, notre vocabulaire s’est adapté : de « bioéthique » à « développement durable », en passant par « commerce équitable », certains en viennent, aujourd’hui, à parler d’un « effondrement » pur et simple de notre civilisation, conséquence directe du rapport qu’elle entretient à la nature.
De nombreuses voix s’élèvent pour dénoncer la perversion du modernisme, d’un progrès qui irait contre l’harmonie de la nature, contre le rapport entre l’humanité et la Terre qui la porte : Gaïa. C’est ainsi que les mouvements écologistes sont de plus en plus traversés par des discours spiritualistes, promouvant une forme de transcendance par un retour à la nature.
Fidèles à l’ésotérisme New Age, ces idées véhiculent une vision panthéiste d’un univers constitué de Dieu lui-même, où tout est en Tout. Relier l’Homme à l’Univers, l’esprit au corps, c’est « sauver la planète », dans une grande union des peuples de la Terre ».