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L’ESSENTIEL
Le sol met plusieurs milliers d’années à se constituer. Il est très faiblement renouvelable.
Les sols diminuent aussi bien en surface (en raison de l’artificialisation, qui touche souvent des terres particulièrement fertiles) qu’en profondeur (en raison de l’érosion).
Cette imperméabilisation des sols modifie les processus hydrologiques en diminuant la capacité d’infiltration des sols et l’évaporation de l’eau. Elle modifie l’albédo et contribue au réchauffement (îlots de chaleur dans les villes).
La préservation des sols végétalisés en milieu artificialisé constitue un enjeu en termes de régulation hydrologique, de biodiversité et de stockage de carbone dans les sols.
Quelques facteurs de dégradation essentiels :
Agriculture intensive : la mise en culture de prairies et de forêts, le labour, diminuent la biodiversité et les matières organiques contenues dans les sols.
Erosion : les éléments fertiles du sol laissé nu une bonne partie de l’année sont emportés par l’eau ou le vent. Dans plusieurs régions, l’érosion des sols intensément cultivés est plus de dix fois supérieure à leur vitesse de formation. Sur ce sujet, consulter l’article de la FAO : « Mettons fin à l’érosion des sols pour assurer l’avenir de la sécurité alimentaire« .
Pollution chimique : les sols sont pollués par les engrais et produits chimiques entraînés par la pluie vers les nappes phréatiques ou les rivières (contamination des plantes, des animaux et des humains). Voir l’article « Pesticides and Soil Health » en bas de page.
La salinisation : la montée du niveau des mers provoque une infiltration d’eaux salées par les sous-sols. Pour le collectif Aquagir (voir l’article), « En 2023, à l’échelle mondiale, les chercheurs considèrent que l’effet de la salinisation sur les pratiques agraires et les migrations des habitants présente davantage d’impact sur la vie des populations que les inondations cycloniques et les crues fluviales récurrentes. https://lemag.ird.fr/fr/salinisation-lennemi-ndeg1-du-delta-du-bengale «
L’érosion, phénomène silencieux de nos campagnes (Graine de Mane, décembre 2020)
Et si notre capital nourricier dépendait aussi de la capacité de notre agriculture à préserver les sols ? L’érosion, phénomène souvent invisible et silencieux, laisse partir chaque année des milliers de tonnes de sols fertiles. Derrière ce triste constat, des solutions existent.
Bien sûr, nous avons presque tous en tête des images catastrophiques de coulées de boue causées par des inondations. Ce sont d’abord des tragédies humaines. Mais ce sont aussi des catastrophes environnementales.
Des milliers de tonnes de terres, souvent fertiles et provenant de champs agricoles, s’en vont finir dans les rivières ou au fond de la mer. Cette érosion spectaculaire fait à juste titre la une des médias.
Mais elle ne doit pas néanmoins faire oublier que le phénomène ne se limite pas à ces seuls évènements.
L’érosion peut se faire chaque jour, sans que l’on s’en aperçoive forcément. Elle peut être hydrique, c’est-à-dire causée par la pluie qui, en ruisselant sur la terre, emporte ses particules les plus superficielles.
Elle est parfois aussi causée par le vent, notamment dans les environnements arides ou semi-arides. Mais les pratiques agricoles y sont aussi pour beaucoup : des sols travaillés mécaniquement et laissés à nus ont une forte sensibilité à l’érosion, même si leur pente est faible.
C’est en retournant de vielles prairies pour en faire des champs cultivés que les états du sud des Etats Unis ont causé un des phénomènes érosifs les plus célèbres de l’histoire : le dust-bowl. Ce « bassin de poussière » –traduit littéralement en français – avait été causé par un labour excessif dans une région fortement exposée à la sécheresse. Fragilisés, les sols agricoles se sont trouvés vulnérables face au vent. D’énormes tempêtes de poussière se sont alors créées, détruisant les récoltes, les pâturages et ensevelissant des habitations et du matériel agricole jetant des milliers de fermiers sur les routes en direction de l’Ouest en quête de terres plus fertiles.
D’après plusieurs historiens, dont Jared Diamond, une érosion trop importante des sols agricoles pourrait d’ailleurs être l’un des facteurs explicatifs de l’affaissement de certaines sociétés, comme les Mayas. Avec l’érosion, ce sont en effet les éléments les plus fertiles de la terre qui s’en vont, et donc ceux dont les plantes dépendent directement pour pousser.
Comment l’agriculture conventionnelle a tué nos sols et nos terroirs (Notre-Planète.info, janvier 2018)
Un tiers des sols sont déjà dégradés dans le monde. Rappelons, à l’occasion de la journée mondiale des sols, que l’agriculture conventionnelle est un véritable fléau à la fois pour les milieux et notre santé. Claude et Lydia Bourguignon nous éclairent sur ses conséquences pour nos terroirs dont les sols sont littéralement morts.
Si l’agriculture productiviste conventionnelle contribue fortement à la pollution généralisée de nos milieux (sols, eaux, air) et à la disparition de la biodiversité de nos campagnes, elle a également littéralement tué nos sols. C’est ce que nous expliquent Claude et Lydia Bourguignon, des chercheurs indépendants du Laboratoire Analyses Microbiologiques Sols (LAMS), dans une vidéo qui a déjà quelques années, mais qui reste plus que jamais d’actualité.
En moins de 3 générations, la fertilité pourtant réputée des sols français, a été en grande partie dégradée à cause de pratiques culturales intensives qui s’appuient sur une productivité maximale, à tout prix, dans un seul but : augmenter les rendements, diminuer le risque et les contraintes pour gagner toujours plus. Au final, c’est notre environnement, mais aussi notre santé et l’ensemble de notre qualité de vie qui sont affectés.
Le travail du sol et les pesticides appauvrissent les sols
Une étude originale menée en 2017 par des chercheurs du Centre d’Ecologie et des Sciences de la Conservation (CESCO : Muséum national d’Histoire naturelle / CNRS / UPMC – Sorbonne Universités) s’est penchée sur l’impact de différentes pratiques agricoles sur les chauves-souris et les oiseaux. En effet, ces groupes d’animaux situés au sommet des réseaux trophiques constituent de bons indicateurs biologiques et rendant des services écosystémiques considérables.
En comparant l’activité des chauves-souris sur différents champs de blé conventionnels et un champ biologique en Ile de France, les résultats d’une première étude, publiée dans la revue Ecology and Evolution, montrent que l’activité est plus importante dans le champs biologique, ainsi que sur les exploitations conventionnelles où le travail du sol a été réduit. De plus, le bénéfice dû à la diminution du travail du sol s’avère nettement plus important lorsqu’on diminue les passages d’herbicides, sans que cela n’affecte les rendements.
Dans une seconde étude, publiée en 2018 dans Agriculture, Ecosystems and Environement et menée sur des exploitations conventionnelles, les résultats indiquent que l’effet de la réduction du travail au sol sur l’abondance des oiseaux agricoles dépend de la méthode de contrôle des adventices (« mauvaises herbes ») utilisée. En effet, lorsqu’un couvert herbacé est utilisé, l’abondance des oiseaux est nettement plus élevée ; tandis que l’usage uniquement d’herbicides lui est très néfaste.
Ces travaux mettent en évidence les impacts négatifs de l’utilisation d’herbicides et du travail du sol sur deux groupes d’animaux, dont les populations sont liées à celle de la biodiversité présente dans les champs. Et les cultures profitent de la biodiversité du sol.
1/3 des sols sont déjà dégradés dans le monde
Selon les estimations de la FAO, un tiers de tous les sols sont dégradés en raison de l’érosion, du tassement, de l’imperméabilisation, de la salinisation, de la diminution de la matière organique, de l’épuisement des nutriments, de l’acidification, de la pollution et d’autres phénomènes causés par des pratiques de gestion non durable des terres.
Résultat : à moins que de nouvelles approches soient adoptées, à l’échelle mondiale le total des terres arables et productives par personne en 2050 représentera le quart seulement du niveau de 1960.
Rappelons que « Cela peut prendre jusqu’à mille ans pour former un centimètre de sol. Vu que 33% de toutes les ressources mondiales en sols sont dégradées et que la pression humaine s’intensifie, les limites critiques sont atteintes et la gérance devient une priorité absolue« , a prévenu M. Graziano da Silva.
Au moins un quart de la biodiversité de la planète vit sous terre où, à titre d’exemple, le ver de terre fait figure de géant aux côtés de minuscules organismes tels que les bactéries et les champignons. Ces organismes, notamment les racines des plantes, agissent comme principales locomotives du cycle nutritif en améliorant l’apport en nutriments des plantes qui, à leur tour, soutiennent la biodiversité hors-sol. (…)
Source : https://www.notre-planete.info/actualites/4148-agriculture-mort-sols. Auteur Christophe Magdelaine / notre-planete.info
Pesticides and Soil Health (Centrer for Biological Diversity, 2021)
Traduit par nos soins :
L’étude Pesticides and Soil Invertebrates: A Hazard Assessment, revue par des pairs en 2021, montre que les pesticides largement utilisés dans l’agriculture américaine constituent une grave menace pour les organismes nécessaires à la santé des sols, à la biodiversité et à la lutte contre le changement climatique. Nous avons constaté que dans 71 % des cas étudiés, les pesticides tuent ou endommagent les invertébrés du sol comme les vers de terre, les fourmis, les coléoptères et les abeilles qui nichent au sol.
Nous avons constaté des effets négatifs dans toutes les classes de pesticides étudiées, ce qui montre que les pesticides – en tant qu’ensemble de poisons chimiques – présentent un danger évident pour la vie du sol et sont incompatibles avec un sol sain.
Mais les régulateurs américains ne prennent en compte aucun de ces dangers lorsqu’ils approuvent l’utilisation des pesticides.
Cette étude est l’examen le plus vaste et le plus complet jamais réalisé sur les impacts des pesticides agricoles sur les organismes du sol. Publiée dans Frontiers in Environmental Science, elle a été coécrite par des chercheurs du Center for Biological Diversity, Friends of the Earth et l’Université du Maryland.
Lire l’article de présentation
Lire l’étude :