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L’ESSENTIEL
Avec une superficie de près de 14 millions de kilomètres carrés, l’Antarctique est le cinquième plus grand continent. Il est essentiellement recouvert (à 98%) par une immense calotte glaciaire, ce qui représente pas moins de 70 % de l’eau douce de la planète ! C’est le continent le plus froid : les températures peuvent y descendre jusqu’à -89,2 °C (record enregistré en 1983 à la station Vostok). Le climat y est extrêmement sec, la plupart des précipitations tombant sous forme de neige.
En dépit de conditions météorologiques extrêmes et de leur éloignement, l’Antarctique et l’océan Austral sont une source de vie pour certains des organismes les plus merveilleux au monde parmi lesquels des spécimens impressionnants de la mégafaune. Une espèce fondamentale, le krill, soutient tout l’écosystème de la région puisqu’il alimente les grandes baleines de l’hémisphère sud, ainsi que les phocidés, les manchots et les oiseaux de mer.
Au-delà de son positionnement géographique, l’Antarctique joue un rôle central dans le système climatique mondial et représente une source essentielle d’étude des impacts de certaines menaces globales, tels que le changement climatique.

L’Antarctique fond plus rapidement que les scientifiques ne l’avaient anticipé.
Les chercheurs ont constaté que la couche de glace de l’ouest de l’Antarctique pourrait être dans un état de déclin irréversible contribuant directement à l’élévation du niveau de la mer.
Le glacier Thwaites, un énorme bloc de glace en Antarctique occidental, fond à grande vitesse. Une équipe de chercheurs vient de découvrir l’ampleur des flux d’eau chaude qui menacent sa stabilité. Si le glacier se désagrège, il pourrait provoquer une hausse globale du niveau des mers de 65 centimètres, à lui seul.
Le glaciologue Richard Alley, qui étudie de près la façon dont elles se démantèlent, explique à « Pour la science« , en mars 2024 que les plateformes glaciaires, ces immenses parties terminales flottantes des glaciers de l’Antarctique, menacent de se briser, ce qui pourrait faire monter les eaux océaniques d’au moins 2 mètres d’ici à la fin du siècle. Tandis que les recherches se multiplient, qui confirment la fonte rapide des glaces polaires, une course est lancée afin de connaître l’ampleur de l’effondrement à venir des plateformes glaciaires. Richard Alley est l’un des auteurs d’un article « Le vêlage des icebergs : régimes et transitions » paru dans l’Annual Review of Earth and Planetary Sciences en mai 2023 (Le « vêlage » fait référence au processus par lequel un glacier ou une banquise libère des blocs de glace, formant ainsi des icebergs).
Dans cette étude, les scientifiques précisent en conclusion :
« Si certaines parties de la calotte glaciaire de l’Antarctique perdent leurs plateformes de glace de renfort et se retirent des goulots d’étranglement stabilisateurs actuels vers des bassins intérieurs profonds, de nouvelles conditions se produiront, avec des contraintes plus élevées que celles observées aujourd’hui. Des études glaciologiques limitées, ainsi que des connaissances issues de domaines connexes impliquant la résistance des matériaux, montrent que ces nouvelles conditions pourraient générer de nouveaux comportements, produisant une élévation du niveau de la mer plus rapide ou beaucoup plus rapide que celle généralement projetée. Le vêlage des icebergs est d’une importance cruciale pour accélérer l’élévation du niveau de la mer.«
En juin 2025, une étude parue dans Nature Geoscience alerte sur la possibilité d’une fonte encore plus rapide et irréversible des glaciers du pôle sud, avec des conséquences désastreuses pour la biodiversité, le niveau des océans et le climat mondial.
L’abstract de l’étude :
Les calottes glaciaires marines sont très sensibles à la fonte des eaux sous-marines dans leurs zones d’ancrage, où elles font la transition entre la glace échouée et la glace flottante. Des études récemment publiées sur l’hydrographie complexe des zones d’ancrage suggèrent que l’eau chaude de l’océan peut pénétrer sur de grandes distances sous la calotte glaciaire, avec des conséquences dramatiques sur la dynamique de la glace. Nous développons ici un modèle pour capturer la rétroaction entre l’eau de l’océan pénétrée, la fonte qu’elle induit et les changements résultants dans la géométrie de la glace. Nous révélons une dépendance sensible de la dynamique de la zone d’ancrage à cette rétroaction : lorsque la zone d’ancrage s’élargit en réponse à la fonte, la température et la vitesse d’écoulement dans la région augmentent, ce qui renforce encore la fonte. Nous constatons que l’augmentation de la température de l’océan peut conduire au franchissement d’un point de basculement, au-delà duquel l’eau de l’océan pénètre de manière illimitée sous la calotte glaciaire, via un processus de fonte incontrôlable. De plus, ce point de basculement peut ne pas être facilement détecté par des indicateurs d’alerte précoce. Bien que des intrusions totalement illimitées ne soient pas attendues dans la pratique, cela suggère un mécanisme de changements spectaculaires dans le comportement de la zone d’ancrage, qui ne sont pas actuellement inclus dans les modèles de calotte glaciaire. Nous étudions la sensibilité des zones d’ancrage actuelles de l’Antarctique à ce processus, et constatons que les plateformes de glace des cavités d’eau chaude et d’eau froide peuvent être vulnérables. Nos résultats indiquent une sensibilité plus forte de la fonte des calottes glaciaires, et donc une contribution plus importante à l’élévation du niveau de la mer dans un climat en réchauffement, que ce que l’on pensait jusqu’à présent.
La fonte du « glacier de l’Apocalypse », en Antarctique, effraie les scientifiques (Reporterre, mai 2021)
Le glacier Thwaites, un énorme bloc de glace en Antarctique occidental, fond à grande vitesse. Une équipe de chercheurs vient de découvrir l’ampleur des flux d’eau chaude qui menacent sa stabilité. Si le glacier se désagrège, il pourrait provoquer une hausse globale du niveau des mers de 65 centimètres.