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L’ESSENTIEL
Les schémas irresponsables d’occupation des sols sont un facteur majeur de risque. Mais si l’augmentation des inondations dans le monde ne s’explique pas uniquement par le changement climatique, il est un facteur aggravant.
Alors que la température à la surface du globe augmente, l’air se charge également plus en humidité (évaporation plus importante). Or, lorsque l’humidité condense dans l’atmosphère, cela entraine une libération de chaleur dite « latente », qui est le facteur principal de la convection tropicale. Cette énergie augmente donc également avec le réchauffement. Ensuite, l’augmentation de l’humidité, en lien avec le réchauffement global et l’augmentation d’énergie latente, joue un rôle majeur pour la génération d’événements météorologiques extrêmes dont le phénomène de pluies diluviennes. Il « tombe » en quelques heures l’équivalent de plusieurs semaines ou mois de pluie.
Sur des territoires largement artificialisés, aménagés sans aucune prudence ou sur des sols rendus imperméables par la sécheresse, l’eau ruisselle et se transforme en torrent en quelques minutes.
Mais, en plus des inondations pluviales, il en existe bien d’autres types.
Nous pouvons citer les crues éclair, les crues en milieu urbain, les inondations côtières, les vidanges de lac glaciaire (phénomène dû à la rupture d’un barrage naturel de glace qui provoque une inondation soudaine) et les inondations par remontée de nappe.
Les inondations par remontées de nappes se déclenchent si des évènements pluvieux exceptionnels surviennent et engendrent une recharge exceptionnelle, le niveau de la nappe peut alors atteindre la surface du sol et provoquer une inondation « par remontée de nappe ». Les risque sont bien moins connus par les élus que pour les autres types d’inondation.
Les inondations par submersion marines, sur les zones côtières sont plus brutales et plus « spectaculaires »
Les inondations par submersions marines, sur les zones côtières sont plus brutales et plus « spectaculaires ».
On distingue trois modes de submersion marine :
– La submersion par débordement, lorsque le niveau marin est supérieur à la cote de crête des ouvrages ou du terrain naturel ;
– La submersion par franchissements de paquets de mer liés aux vagues,
– La submersion par rupture du système de protection (défaillance d’un ouvrage de protection ou formation de brèches dans le cordon littoral)
Là encore, le réchauffement global est indéniable : Les risques de submersion marine ont augmenté de près de 50 % à l’échelle mondiale entre 1993 et 2015. C’est ce que révèle une étude internationale coordonnée par l’IRD et impliquant des chercheurs du CNES et de Mercator Océan, publiée dans la revue Nature Communications le 18 juin 2021. Plusieurs facteurs se combinent : l’augmentation du niveau des mers, couplée à une augmentation de l’intensité des tempêtes et des vagues plus puissantes aux effets plus dévastateurs.
Au cas où vous auriez encore eu des doutes…
Les conclusions du rapport du groupe 1 du GIEC sorti le 9 août 2021 sont très claires concernant les inondations et le changement climatique :
• La fréquence et l’intensité des épisodes de fortes précipitations ont augmenté depuis les années 1950 sur la plupart des zones terrestres pour lesquelles les données d’observation sont suffisantes pour une analyse des tendances (confiance élevée). Le changement climatique d’origine humaine est probablement le principal facteur.
• Le changement climatique d’origine humaine affecte déjà de nombreux phénomènes météorologiques et climatiques extrêmes dans toutes les régions du monde. A noter que l’emplacement et la fréquence de ces événements dépendent des changements prévus dans la circulation atmosphérique régionale, y compris les moussons et les trajectoires des tempêtes aux latitudes moyennes.
• Les preuves des changements observés dans les phénomènes extrêmes tels que les vagues de chaleur, les fortes précipitations, les sécheresses et les cyclones tropicaux, et, en particulier, leur attribution à l’influence humaine, se sont renforcées depuis le cinquième rapport d’évaluation.
Inondations : est-ce la faute du changement climatique ? (Bon Pote, septembre 2021)
Les terribles inondations en Belgique et Allemagne de l’été 2021 ont marqué les esprits. Comme si les pays occidentaux, et plus globalement du Nord, se rendaient compte que le changement climatique pouvait également les toucher et que personne n’était à l’abri.
Bien sûr, certain(e)s n’ont pas attendu pour minimiser les évènements et les morts, en disant “qu’il y avait toujours eu des inondations, que ça avait toujours existé, et que cela n’avait rien à voir avec le changement climatique”. Au même titre que les sécheresses, les ouragans, les mégafeux ou les canicules, les inondations sont un phénomène complexe et multifactoriel, parfois sous-estimées dans l’imaginaire collectif.
Quel rôle a joué et jouera le changement climatique dans les inondations ? A quel point l’artificialisation des sols est à prendre en compte ? La prévention et l’adaptation sont-elles à la hauteur, notamment en France ? Pour y répondre, nous avons reçu l’aide de Florence Habets, Directrice de recherche CNRS en hydrométéorologie, professeure à l’École normale supérieure (ENS) – PSL.
Une étude cas : l’étude du CEREMA sur la commune de Vailly (inondations par ruissellement)
« En juin 2023, la commune de Vailly a été touchée par plusieurs inondations dues au ruissellement. Au cours de ce mois, trois arrêtés CAT NAT ont été émis à plusieurs reprises en raison d’inondations et de coulées de boue. Ces évènements se sont déroulés successivement les 11, 19 et 21 juin 2023. Les inondations déclenchées par les orages ont débuté par la Rue de Fontaine et la Vois du Bois. Le Cerema a été missionné afin de mieux comprendre l’origine de ces phénomènes en vue de proposer des aménagements visant à minimiser le risque de ruissellement sur les infrastructures urbaines de la commune« .