Retour au menu

L’ESSENTIEL
En Amérique du Sud, l’un des principaux responsables des grands incendies est l’agriculture industrielle dont nous importons les produits.
Nous faisons en effet entrer sur notre territoire du soja sud-américain par millions de tonnes chaque année. Or ce soja est trop souvent cultivé sur les cendres d’écosystèmes à l’importance capitale, comme le Cerrado ou la forêt amazonienne.
Autre exemple : en Indonésie, nos importations d’huile de palme contribuent à la destruction de la troisième forêt tropicale du monde.
Quels sont les chiffres de la déforestation en 2024 ? (Canopée, Juillet 2023).
Des données divergentes
Bien que nous disposions de plus de données sur les forêts que jamais auparavant, il n’y a toujours pas de définition et de méthode d’évaluation qui fassent l’unanimité. En fonction des sources et des définitions, les chiffres et tendances qui en découlent diffèrent. Ces différences ne se limitent pas à des enjeux académiques. Elles ont des conséquences sur les politiques de lutte contre la déforestation, que ce soit à l’échelle des règlementations internationales, des politiques nationales, ou des engagements d’entreprises.
Tous les cinq ans, l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO) publie une évaluation des ressources forestières. D’après la dernière (de 2020), le rythme de la déforestation diminue : sur la période 2015-2020, la déforestation a atteint 10 millions d’hectares par an. C’est 2 millions d’hectares de moins que sur la période 2010-2015. L’expansion de l’agriculture est responsable de 90% de la déforestation dans le monde, et plus de 90% de la déforestation se situe en zone tropicale. L’Afrique et l’Amérique du Sud sont les plus affectées. En Afrique, le taux annuel de déforestation en 2015-2020 s’élève à 4,41 millions d’hectares, et en Amérique du Sud à 2,96 millions.
Mais d’après le Global Forest Watch, les chiffres sont différents: la perte de couvert forestier aurait augmenté récemment, et non diminué (13 Millions d’hectares en 2001 et 28 Millions d’hectares en 2023). Les tropiques auraient perdu 12 millions d’hectares de couvert forestier en 2022. Particulièrement inquiétant, 3,7 millions d’hectares déforestés se trouvent dans les forêts primaires.
Déforestation importée : arrêtons de scier la branche ! (WWF, 2018)
« L’agriculture est responsable de près des trois quarts de la destruction des forêts tropicales, ce qui affecte les populations, les écosystèmes, les espèces et émet des gaz à effet de serre. La France importe et consomme d’importantes quantités de matières premières agricoles et forestières, comme le soja, l’huile de palme, le cacao, le bœuf & cuir, le bois, la pâte à papier ou encore l’hévéa. Sa capacité à atteindre les objectifs fixés dans le cadre de l’Accord de Paris et des Objectifs de Développement Durable est donc remise en question, du fait que nombre de ces commodités sont issues de la déforestation.
Le gouvernement français et de nombreuses entreprises sont conscients des défis qu’il reste à relever en matière de déforestation et gestion durable des terres agricoles et forestières. Plusieurs entreprises se sont engagées volontairement, de façon individuelle ou collective, en faveur de chaînes d’approvisionnement exemptes de déforestation.
Le gouvernement a également pris l’engagement d’éliminer la déforestation de la plupart des chaînes d’approvisionnement agricoles d’ici à 2020, à travers la signature de la Déclaration de New-York sur les Forêts (2014) ou la Déclaration d’Amsterdam sur les chaînes d’approvisionnement durables (2015)
Cependant, malgré la forte ambition affichée par ces engagements et initiatives, la déforestation persiste, tout comme les risques sociaux et environnementaux qui y sont associés.
L’objet de ce rapport est d’estimer l’empreinte de la France nécessaire pour la production de sept matières premières importées sous forme brute ou transformée, et son exposition au risque de déforestation lié à ces importations. Il permet d’identifier les pays concernés par les risques de déforestation et de fournir des recommandations d’actions à destination des pouvoirs publics, des entreprises, des investisseurs publics et privés et des consommateurs afin d’atteindre les engagements internationaux de lutte contre la déforestation. Un tel travail pourra par exemple aider à la priorisation des travaux de la Stratégie Nationale de Lutte contre la Déforestation Importée (SNDI) élaborée par la France.
L’attention donnée ici aux matières premières produites hors de France n’absout cependant en rien le besoin de renforcer les efforts au niveau national pour assurer une agriculture raisonnée et une gestion forestière responsable. La lutte contre le gaspillage et le soutien aux filières durables concernent toutes nos consommations, qu’elles soient produites en France ou à l’autre bout du monde ».