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L’ESSENTIEL
L’Agence européenne pour l’environnement (AEE) a publié en mars 2024 la première évaluation paneuropéenne des risques climatiques, l’EU Climate Risk Assessment (EUCRA). Ce rapport, destiné à orienter les priorités de la Commission européenne 2024-2029, constitue la synthèse la plus complète à ce jour sur les risques climatiques en Europe. Le rapport complet est disponible ici :
https://www.eea.europa.eu/en/analysis/publications/european-climate-risk-assessment
et son résumé exécutif via la plateforme Climate-ADAPT :
https://climate-adapt.eea.europa.eu/en/eu-adaptation-policy/key-eu-actions/european-climate-risk-assessment
Ce travail identifie 36 risques climatiques majeurs touchant l’économie, les infrastructures, la santé, les écosystèmes et l’alimentation. Plusieurs d’entre eux sont déjà considérés comme « urgents » dans certaines régions du continent. Selon l’AEE, entre 1980 et 2022, les catastrophes climatiques et hydrométéorologiques ont causé plus de 650 milliards d’euros de pertes dans l’Union européenne. Cette estimation provient de l’indicateur officiel AEE sur les pertes économiques :
https://climate-adapt.eea.europa.eu/en/eu-adaptation-policy/key-eu-actions/european-climate-risk-assessment
et de la note publiée en octobre 2023 :
https://www.eea.europa.eu/en/newsroom/news/heatwaves-droughts-other-extreme
Pour la seule période récente 2020-2023, les pertes annuelles dépassent 50 milliards d’euros par an, un niveau historiquement élevé. Ces données sont détaillées dans l’indicateur mis à jour par l’AEE :
https://www.eea.europa.eu/en/analysis/indicators/economic-losses-from-climate-related
Ces montants reflètent une tendance lourde : la multiplication des événements extrêmes (sécheresses, inondations, tempêtes, vagues de chaleur) et l’augmentation de leur coût moyen. Les inondations sont l’un des postes les plus coûteux : les pertes cumulées dépassent 170 milliards d’euros depuis 1980 ; les sécheresses coûtent en moyenne 9 milliards d’euros par an. Ces chiffres ne prennent en compte qu’une partie des pertes réelles, puisqu’ils excluent en grande partie les coûts indirects (pertes de productivité, effets sanitaires, perturbations des chaînes d’approvisionnement, baisse durable de rendement agricole, etc.).
L’AEE rappelle aussi un point crucial : l’Europe est le continent qui se réchauffe le plus vite au monde, environ deux fois plus vite que la moyenne globale. Ce constat, issu de l’EUCRA, est documenté dans le rapport complet :
https://www.eea.europa.eu/en/analysis/publications/european-climate-risk-assessment
Cette accélération est liée à plusieurs mécanismes régionaux : l’amplification arctique (qui affecte le nord de l’Europe), la modification de la circulation atmosphérique sur l’Atlantique et l’Europe, et le dessèchement rapide du bassin méditerranéen. Le rapport souligne que ces dynamiques rendent une grande partie de l’Europe particulièrement vulnérable, et que certains risques — notamment pour la santé, l’agriculture, les zones côtières et les infrastructures — nécessitent des actions « immédiates et structurelles ».
En résumé, l’EUCRA montre clairement que la facture économique du climat en Europe est déjà massive, qu’elle s’accélère nettement depuis une dizaine d’années, et que les conditions climatiques européennes évoluent plus rapidement que dans d’autres régions du monde. À court terme, sans même évoquer la prospective, les coûts déjà observés sont suffisants pour établir que le changement climatique constitue désormais un facteur structurel de fragilité économique dans l’Union européenne.
Synthèse