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L’ESSENTIEL
Mais il y a aussi…. Le « dégel brutal » et le protoxyde d’Azote
Le dégel brutal : En s’appuyant sur leur analyse des forêts de l’Alaska, Turetsky, Jones et une équipe d’experts (Nature Geoscience, 3 février 2020) avancent que le réchauffement de petites parcelles de sol gelé renfermant d’importantes veines de glace allait libérer bien plus de gaz qu’initialement prévu. Ce phénomène baptisé « dégel brutal » ne concernera probablement que 5 % du pergélisol de l’Arctique, mais ces 5 % seront probablement suffisants pour doubler la contribution totale du pergélisol au réchauffement de la planète.
La fonte du pergélisol arctique pourrait aussi rejeter dans l’atmosphère jusqu’à douze fois plus de protoxyde d’azote que ce que l’on pensait, d’après une étude réalisée en Alaska par des scientifiques de Harvard et de la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA), parue dans le journal Atmospheric Chemistry and Physics
Carbon release through abrupt permafrost thaw (Février 2020)
Abstract (traduit par nos soins) :
La zone de pergélisol devrait être une source importante de carbone dans l’atmosphère, mais les modèles à grande échelle ne simulent actuellement que les changements progressifs du dégel saisonnier du sol. Un dégel brutal se produira probablement dans moins de 20 % de la zone de pergélisol, mais pourrait affecter la moitié du carbone du pergélisol en raison de l’effondrement du sol, de l’érosion rapide et des glissements de terrain. Ici, nous synthétisons les meilleures informations disponibles et développons des modèles d’inventaire pour simuler les impacts brusques du dégel sur le bilan carbone du pergélisol. Les émissions sur 2,5 millions km2 de dégel brutal pourraient produire une rétroaction climatique similaire à celle des émissions de dégel progressif de l’ensemble de la région de pergélisol de 18 millions km2 selon la projection de réchauffement de la voie de concentration représentative 8.5. Alors que les modèles prévoient qu’un dégel progressif pourrait conduire à une absorption nette de carbone par l’écosystème selon les projections de la voie de concentration représentative 4.5, les émissions de dégel brutal sont susceptibles de compenser ce puits de carbone potentiel. Les éléments d’érosion active des pentes occuperont 3 % des terrains au dégel brutal d’ici 2300, mais émettront un tiers des pertes de carbone dues au dégel brutal. Les lacs de dégel et les zones humides sont des points chauds de méthane, mais leur libération de carbone est partiellement compensée par la végétation à repousse lente. Après avoir pris en compte la stabilisation brutale du dégel, le drainage des lacs et l’absorption du carbone du sol par la repousse de la végétation, nous concluons que les modèles prenant en compte uniquement le dégel progressif du pergélisol sous-estiment considérablement les émissions de carbone dues au dégel du pergélisol.