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L’ESSENTIEL
L’exigence de justice sociale
La « transition » ne peut être envisageable sans la justice climatique et sociale. Le 31 janvier 2023, le nouveau rapport du Laboratoire des inégalités mondiales (voir en bas de page) mettait en lumière la triple crise des inégalités climatiques : inégalités dans les émissions de CO2, inégalités des pertes liées aux impacts du réchauffement et inégalités dans les capacités financières à y faire face.
Au fil des COP, les pays riches ont travaillé sans relâche… pour effacer ou noyer la notion d’équité dans les négociations. Si l’accord de Paris, en 2015, a été encensé, c’est parce qu’il faisait fi du concept d’émissions historiques et qu’il a relégué la justice climatique à une note de bas de page (Sunita Narain, 2022).
Mais un autre fait est également mis en évidence par le rapport précité : les « inégalités climatiques » sont extrêmement importantes au sein des pays.
A titre d’exemple, dans les pays développés, les personnes à faible revenu contribuent moins à la crise climatique que les plus riches dans les pays en développement.
Ainsi, les 10 % les plus riches en Inde émettent autant que les 50 % les plus pauvres aux Etats-Unis. Ou encore les 10 % les plus riches émettent 3,6 fois plus que les 50 % plus pauvres aux Etats-Unis.
Il n’en demeure pas moins une « dette historique », les pays du « sud » (bien que cette dénomination soit très simplificatrice), devant inventer un autre modèle de développement social, ce qui a un coût. Globalement, les pays industrialisés et riches n’ont jamais respecté l’intégralité de leurs engagements financiers (lire l’étude « Broken Promises – Developed countries fail to keep their 100 billion dollar climate pledge » (Heinrich Böll Stiftung le 25 octobre 2021).
La transition / bifurcation, c’est aussi repenser le politique et aller « au-delà » de la démocratie représentative
Comme le note « La fabrique écologique » : « Alors que la démocratie, telle qu’elle se matérialise aujourd’hui, traverse une crise de légitimité importante, certains voient dans le réchauffement climatique un nouveau facteur de déstabilisation de ce régime. Ce discours, récurrent dans les médias, affirme qu’une « dictature » ou qu’un régime autoritaire serait plus à même de répondre aux enjeux de transformation sociétaux« . (source)
La notion de « dictature verte » est, bien évidemment, une billevesée. Tout prouve, au contraire, que les régimes autoritaires et fascistes sont les pires régimes climatosceptiques et antiécologiques qui soient ! Etant donné que la bifurcation (aller vers d’autres modes de vie respectueux des limites planétaires) ne peut se construire que collectivement, c’est un dépassement de la démocratie représentative qui est indispensable. Autrement dit : un « bien plus » de démocratie ! Par contre, si le plus grand nombre s’oppose à la transition – bifurcation, préférant un suicide collectif (au sens propre), aucune politique autoritaire n’y fera rien, puisque les réactions seront d’une extrême violence renforçant le « fascisme fossile ».
Pour les auteurs.trices de la note précitée et dont nous partageons entièrement le point de vue : « C’est en revenant à une définition exhaustive de la démocratie comme principe mais aussi comme processus politique, ainsi que de la liberté, que cette note entend déconstruire ces propos et alimenter le débat autour de l’opportunité réciproque que représente un renforcement démocratique par et pour la transition écologique« .
Exercer, maintenant, notre pleine citoyenneté !
Tout en pensant « global », nous pouvons déjà commencer par le local, là où nous sommes ! Pour piloter les activités sur un territoire, les coordonner, les financer, les organiser, la commune et les intercommunalités sont des espaces d’initiatives privilégiés.
Qu’il s’agisse de créer un atelier partagé, de discuter de l’aménagement de la gestion des déchets, de monter un parrainage solidaire avec une ville à l’étranger, une action humanitaire, d’organiser l’accueil de migrants, d’initier des jardins partagés ou des réseaux d’échanges de savoirs…
Des centaines d’actions différentes sont possibles localement à cette échelle pour peu d’en avoir la volonté.
Nous pouvons aussi nous saisir des PCAET !
Les Plans « Climat Air-Énergie Territorial » (PCAET) sont des outils de planification qui ont pour but « d’atténuer le changement climatique » et qui impliquent les collectivités territoriales. Largement insuffisants, pour l’instant, dans leurs ambitions et périmètres, ils sont pourtant une première amorce. Voir aussi les schémas de cohérence territoriale (SCOT)
Le municipalisme libertaire, le fédéralisme et l’autogestion politique
Le « municipalisme libertaire » est un projet politique élaboré par le philosophe Murray Bookchin (1921-2006) pour donner une armature institutionnelle à son programme d’écologie sociale.
Notons cependant que la pensée libertaire est plus large et ne se limite pas à l’idée d’une « auto-administration » locale (et « localiste ») des collectivités. Elle vise à fédérer librement de grands ensembles en respectant les principes d’égalité sociale et économique (Bakounine).
Les principes d’une « refondation » de caractère libertaires sont :
• Le principe de la liberté d’association des individus et des collectivités (ce qui ne nous exonère pas d’élaborer ensemble des règles communes de vie en société, dans une approche sociale et non individualiste / libérale de la Liberté)
• Le principe d’égalité, économique et sociale, entre les individus (abolition des classes sociales)
• La mise en commun des principaux outils de production, nécessaires pour assurer le bien commun, et leur gestion collective (autogestion économique)
• Des modes d’organisations politiques (permettant de préparer et de prendre des décisions) reposant sur une autogestion politique (démocratie par « mandats », autogestion politique).
Climate inequality Report (Laboratoire des inégalités mondiales, 2023) (en anglais)
La crise climatique a commencé à perturber les sociétés humaines en affectant gravement les fondements mêmes de la subsistance humaine et de l’organisation sociale. Les impacts du changement climatique ne sont pas répartis de manière égale à travers le monde : en moyenne, les pays à revenu faible et intermédiaire subissent davantage les effets que leurs homologues plus riches. Dans le même temps, la crise climatique est également marquée par d’importantes inégalités au sein des pays. Des recherches récentes révèlent une forte concentration des émissions mondiales de gaz à effet de serre parmi une fraction relativement faible de la population, vivant dans les pays émergents et riches.