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L’ESSENTIEL
Reforester massivement ? Pas si simple !
Selon une étude parue dans « Science » en 2019, reforester massivement la Terre serait l’une des solutions les plus efficaces pour atténuer le changement climatique…
Conduite par des chercheurs de l’Ecole polytechnique de Zurich, de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et du Centre international de recherche agronomique pour le développement (Cirad), l’étude affirme qu’ajouter 1.000 milliards de plus, pourrait faire diminuer de 25 % le taux de CO2 dans l‘atmosphère.
Sauf que cette approche peut être piégeuse en aboutissant au résultat inverse de celui recherché : en arriver à penser que nous pouvons « continuer à vivre comme avant », puisque nous aurions planter suffisamment d’arbres !
Par ailleurs, d’autres études viennent tempérer fortement cet optimisme.
Dans un commentaire technique publié dans Science le 18 octobre 2019, un groupe de 46 scientifiques du monde entier, parmi lesquels trois chercheuses françaises, dont une de l’Institut méditerranéen de biodiversité et d’écologie marine et continentale démontrent qu’une publication scientifique récente a considérablement surestimé le potentiel de la plantation d’arbres à atténuer le changement climatique.
De plus, planter des arbres au mauvais endroit peut détruire certains écosystèmes, augmenter l’intensité des feux et à l’inverse exacerber le réchauffement climatique.
Alors, planter des arbres, oui, mais pas n’importe comment
Ce devrait être une évidence, mais il faut encore le rappeler : avant de planter des arbres, il faudrait surtout songer à protéger les forêts existantes. D’après l’étude de 2015 de Thomas Crowther, 15 milliards d’arbres disparaissent chaque année et il ne reste plus que 46 % des arbres que la Terre comptait avant que l’humanité ne se lance dans l’agriculture il y a 12.000 ans. Il faut également protéger et/ou régénérer les zones humides et mangroves.
Cela étant dit, la reforestation doit se réaliser en suivant des schémas cohérents.
Pour Frédéric Amiel, chercheur à l’Institut du développement durable et des relations internationales (IDDRI) « toutes les forêts ne se valent pas et n’ont pas la même qualité », et “l’on ne peut pas comparer une forêt primaire à une monoculture qu’on va replanter”. Ensuite « vouloir reforester, c’est très bien. Mais si ce sont des forêts d’exploitation qu’on va couper dans 30 ans, et replanter des arbres derrière pour eux-mêmes les recouper, elles n’auront pas ce rôle de stockage de carbone, puisque celui-ci sera relâché dans l’atmosphère lors de la coupe. Il faut les laisser tranquilles pendant des centaines d’années » (source).
Il faut donc planter, et reforester :
1 ) pour les bonnes raisons
2 ) aux bons endroits
3 ) les bonnes variétés et sans monoculture !
Les « semeurs de forêts »
Pour cette association, planter des forêts est un acte essentiel qui peut agir à plusieurs niveaux :
– En reconnectant les personnes (à commencer par nous) à la Terre, afin de nous déconditionner de cette culture qui nous sépare du vivant.
– En servant de puits de carbone afin de lutter contre le réchauffement climatique.
– En créant des oasis de biodiversité où la nature peut se protéger, puis rayonner.
Faire renaître une forêt primaire en Europe de l’Ouest (Projet association Francis Hallé)
À l’initiative du botaniste Francis Hallé, reconnu mondialement pour ses travaux sur les forêts primaires, l’association agit pour permettre la renaissance d’une forêt primaire en Europe de l’Ouest. Concrètement, il s’agit de permettre la protection d’un vaste espace de dimension européenne et de grande superficie – environ 70 000 hectares – dans lequel une forêt existante évoluera de façon autonome, renouvelant et développant sa faune et sa flore sans intervention humaine prédatrice, et cela sur une période de plusieurs siècles.