La fausse solution du nucléaire

Retour au menu


Sauf que les vrais problèmes ne sont pas là. Pour beaucoup (pas toutes/tous) la magie nucléaire est surtout un formidable espoir de… continuer comme avant, en maintenant le même niveau de débauche énergétique ! Et cela n’est pas compatible avec une réduction de notre empreinte écologique. Mais passons encore… Pour concentrer notre critique et notre opposition au développement du nucléaire sur cinq points principaux :

1 ) Voyons d’abord celui du « timing ». Il faut entre 10 et 19 ans pour construire et mettre en service une centrale. Or, les émissions de CO2 doivent être divisées par deux d’ici 2030 avant de tomber à « zéro net » au plus tard au milieu du siècle. Conclusion : les nucléocrates oublient de dire que les délais sont désormais trop courts pour leur « solution ». Par contre, il reste possible de construire assez d’EnR pour un mix sobre.

2 ) La question des déchets. Elle n’est pas du tout résolue que ce soit en France, en Europe ou dans le monde. Accumuler ces déchets, c’est faire peser des risques inadmissibles sur les générations futures.

3 ) Le nucléaire n’est pas une énergie renouvelable. L’uranium n’est pas inépuisable. Au 1er janvier 2019, les ressources d’uranium classiques répertoriées dans le monde s’élevaient à 8 070 400 tonnes d’uranium métal (tU). L’extraction a atteint 54 224 tU la même année (1). Au rythme actuel, cela permet de fonctionner uniquement 148 ans.

4 ) Le nucléaire n’est pas une technique de production d’énergie généralisable à l’ensemble à l’ensemble de la planète. C’est, à nos yeux, l’un des arguments les plus forts : une solution qui n’est pas valable pour toute l’humanité n’en est pas une ! La complexité et le coût de cette technologie font qu’elle demeurera inaccessible à la plupart des pays. Il y a aujourd’hui 438 réacteurs nucléaires dans le monde. Fournir la quantité d’électricité actuelle en nucléaire signifierait déjà multiplier par 10 le parc nucléaire ! Par ailleurs, le niveau d’électrification requis pour une transition énergétique, même sobre – en réduisant la consommation finale par 4, conduirait à une multiplication des installations par un facteur 13 ! Soit 5694 réacteurs au lieu des 438 ! Ce qui, bien entendu, épuiserait les réserves connues d’uranium en… une douzaine d’années ! (2)

5 ) Cinquième et dernier argument, à égalité avec le précédent : le Nucléaire n’est pas une question de technique d’ingénieur, c’est une question politique. Ce qui nous intéresse c’est l’énergie gouvernée et gérée par les citoyens (ce qui n’empêche aucunement l’existence de grands réseaux). Le nucléaire en est aux antipodes (voir notre interview d’Energie partagée).

Un mot tout de même sur le grand rêve de la « fusion nucléaire » : c’est le retour au point 1, car le temps que cette technologie soit opérationnelle (si elle l’est un jour…), nous serons largement toutes et tous grillé.es !

L’énergie nucléaire est donc bel et bien une énergie du passé et il nous faut nous opposer à tout nouvel investissement dans ce domaine pour nous concentrer sur les EnR (3).

(1) Ce chiffre correspond à toutes les ressources d’uranium dont l’existence est certaine ou raisonnablement supposée qui pourraient être récupérées à des prix du marché allant de 40 à 260 $ É.-U./KgU). Source Agence Internationale de l’Energie Atomique.

(2) En 2021, le parc nucléaire mondiale a fourni 2 653,1 TWh. Remplacé ne serait-ce qu’un quart de l’énergie produite à base d’énergie fossile (80% de l’énergie mondiale, soit 136 000 TWh), c’est trouvé 34 000 TWh d’origine nuclaire, soit multiplier le parc nucléaire par 12,815.

Nuclear energy : a necessary evil to face the climate emergency? (Greenpeace, 2020)

Laisser un commentaire