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L’ESSENTIEL
Nombre de Civilisations, d’Etats, d’Empires se sont déjà « effondrés » au cours de l’Histoire, laissant place à d’autres sociétés, d’autres Etats, d’autres Empires…
L’Erythrée, l’irak, la libye, la Syrie, le liban, le Vénézuela, la Yougoslavie, le Zaïre, la Somalie, le Soudan, l’Afghanistan, la Grèce… Autant d’Etat « faillis », « abattus » ou « effondrés », en « collapse lent » ou « collapse rapide », selon les terminologies choisies pour qualifier des situations dues soit à des faillites économiques, des guerres, des affrontements géopolitiques par puissances régionales interposées, la corruption, des guerres ethniques ou religieuses.
En cela, le vocable « effondrement » (collapse), largement popularisé par le livre de Pablo Servigne et Raphaël Stevens en 2015 (« Pourquoi tout peut s’effondrer »), ne permet pas, selon nous, de qualifier assez précisément ce que risque de produire la crise climatique et l’effondrement de la biodiversité, l’atteinte des limites de l’Anthropocène ainsi que l’arrêt – définitif – de l’utilisation des énergies fossiles (fin de la société « thermo-industrielle »).
Nous faisons le choix d’utiliser l’expression d’éco-collapse ou de global éco-collapse, pour qualifier un processus qui pourrait conduire :
– A un effondrement irréversible de nos éco-systèmes dû à l’absence de politique de résilience anticipée,
– A l’écroulement quasi-total ou total des institutions et organisations sociétales et économiques actuelles, à une échelle planétaire,
– Au délitement durable, des rapports civilisationnels (cad réglementés et moraux, pour ce qui en reste…) à vaste échelle
La transition est alors conçue comme le processus de mutation globale permettant :
– De développer les capacités de résilience suffisantes pour nous relever collectivement des premiers chocs (évènements météo extrêmes, crise alimentaire, sanitaire…)
– De réorganiser, en ANTICIPANT, l’ensemble de nos relations sociales, économiques et politiques, en adéquation avec les nouvelles contraintes (neutralité carbone, mode de vie sobres, fin de la « société de consommation de masse »).
– Ce qui implique l’élaboration, rapide et urgente, d’un nouveau ou de nouveaux projets de sociétés.
Une transition (plus ou moins) réussie limite d’autant le risque d’éco-collapse ou global éco-collapse, en permettant de passer à une autre, ou à d’autres formes de sociétés, en gardant un lien social civilisé (voir en construisant des sociétés plus justes).
C’est l’échec possible (probable diront certain.es) qui générera un éco-collapse. Mais celui-ci ne ressemblera certainement à un « jour zéro », le système actuel ayant prouvé maintes fois (hélas ?) ses capacités de résilience.
Il est plus plausible que le processus d’effondrement se fasse par paliers et à des rythmes différents dans le monde. Mais nul ne peut, aujourd’hui, en « prévoir » les futurs contours précis !
Cependant, en termes d’appréhension des risques, il est possible d’identifier de grandes « lignes de force », qui peuvent accélérer un processus d’effondrement :
– Le coût des chocs climatiques peuvent largement dépasser les capacités de résilience du système économique, fortement interconnecté,
– Le réchauffement climatique et la raréfaction des ressources (eau, énergie…) vont continuer d’attiser les tensions internationales, les conflits inter-étatiques et les guerres régionales.
– Des situations d’insécurisation globale (mêlant perception du réel et « ressenti »), favorisent le repli nationaliste et la montée au pouvoir des forces politique néo-fascistes.
Dépasser les limites de la collapsologie (Ballast, Décembre 2019)
La collapsologie est désormais partout. Son idée-clé ? L’effondrement de notre civilisation thermo-industrielle, bâtie sur les énergies fossiles (charbon, gaz, pétrole…), est inéluctable à plus ou moins court terme (2025 ?, 2050 ?). La chose pourrait même avoir déjà commencé. Resterait donc à œuvrer sans plus tarder au « monde d’après« — pour son porte-voix le plus fameux, l’ingénieur agronome Pablo Servigne, cela implique notamment de fonder un tissu communautaire « résilient » (capable de tenir, de résister, de s’autosuffire). L’inspiration libertaire des uns se frotte à l’individualisme des autres, connus sous le nom de survivalistes : parfois, tout cela se mélange. Si les collapsologues ont le mérite d’avoir accru la visibilité des enjeux climatiques et écologiques, les conséquences politiques qui en découlent sont cependant contestables : c’est la thèse avancée par Jérémie Cravatte, militant du Comité pour l’abolition des dettes illégitimes, dans un livret paru cette année. Il le reprend ici, retravaillé, sous la forme synthétique d’un article.