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L’ESSENTIEL
Réussir à surmonter le phénomène du déni risque de demeurer une tâche complexe, puisqu’il faut, simultanément, aborder plusieurs aspects différents . En schématisant :
– Pour une partie de la population, le dénialisme climatique va quasiment constituer une identité pour se démarquer des autres et se donner l’impression de ne plus se laisser tromper (« nous, nous ne sommes pas des moutons »). Nous sommes alors dans le registre du complotisme, de la « vérité alternative », de la croyance en des explications aussi rassurantes que délirantes. Ces théories rassurent justement parce qu’elle sont conçues inconsciemment pour être psychologiquement inattaquables. Dans ce cas, les arguments rationnels n’ont guère de prise. Par contre, il importe de fournir les explications nécessaires afin de limiter autant que faire se peut l’influence de la sphère climato-dénialiste (voir, par exemple, les FAQ du GIEC).
– Pour d’autres, le déni comme mode de défense contre une perspective insupportable psychiquement peut être dépassé, soit dans l’action et la « découverte » de perspectives motivantes (les nouveaux récits).
– Pour d’autres encore, il existe une croyance sincère dans les solutions technologiques qui vont permettre « de nous sauver », en nous permettant de nous adapter. Bien que le dialogue soit souvent difficile, il n’existe pas d’autres voies que l’argumentation, afin de déconstruire ces illusions, tout en ouvrant, répétons-le, d’autres perspectives porteuses d’espoir (et même d’un mieux vivre).
Environnement : Comment sortir du déni ? Avec Isabelle Autissier (France Inter, 2022)
Extrait :
« Faire peur pour changer ?
Comment pousser les gens à agir et à changer de comportement ? Pour Isabelle Autissier : « La peur peut nous faire bouger. Je ne suis pas catastrophiste, mais nous allons au-delà de graves difficultés. On ne se prépare pas des lendemains qui chantent. En tout les cas, tant que nos sociétés sont organisées comme elles le sont. Je ne dis pas que l’être humain disparaîtra, mais il va souffrir. La peur peut allumer une petite lumière rouge clignotante, activer un réflexe de survie et passer à l’action. »
Faire aimer la nature ?
On peut aussi faire mieux connaître notre environnement. Isabelle Autissier : « On aime naturellement ce qui est beau et qui nous fait plaisir. Ce qu’on aime, on le défend. Faire connaître et apprécier la nature est un ressort puissant. C’est ce que j’essaye de faire passer à travers mes écrits sur le naufrage de Venise. Il y a un côté tragique, mais j’évoque aussi la grande beauté de la lagune. »
Ecouter le podcast : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/sous-le-soleil-de-platon/sous-le-soleil-de-platon-du-mercredi-03-aout-2022-5865357
Psychologie et climat (1/2) : déni, colère… Les 5 étapes du deuil (Bon Pote, 2020)
Extrait :
Changement climatique et déni. Voilà au moins 30 ans que des scientifiques alertent sur les conséquences graves de notre surconsommation. L’accélération du changement climatique dû à l’activité humaine n’est aujourd’hui plus un débat.
Pourtant, nous nous trouvons dans une drôle de situation : nous sommes au volant d’une voiture qui fonce dans un mur, et au lieu de ralentir, nous ignorons le mur et accélérons. La question est légitime : Pourquoi ne changeons-nous pas ? Sommes-nous complètement fous ? Sommes-nous complètement stupides ?
Comme toujours, la réponse n’est pas aussi simple que cela. Il a fallu des décennies pour que les chiffres soient indiscutables. Mais malgré les évidences, le facteur le plus important a trop souvent été mis de côté : aucun langage technocratique ne saura se faire entendre s’il ne prend pas en compte l’aspect psychologique. Avoir raison ne suffit pas, et ne suffira pas : il faudra bien plus que cela.