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L’ESSENTIEL
La première propriété des gaz à effet de serre est qu’il s’accumule dans notre atmosphère.
Depuis la publication du 1er rapport du GIEC en 1990, 1 000 milliards de tonnes de CO2 ont été émises, soit presque la moitié des émissions de gaz à effet de serre depuis le début de l’ère industrielle (vers 1760). Source GIEC (9 Août 2021) :
L’AGGI
L’AGGI, Annual Greenhouse Gas Index, est une mesure de l’influence du réchauffement climatique des GES et de la façon dont cette influence a changé depuis le début de la révolution industrielle.
L’indice a été conçu pour renforcer le lien entre les scientifiques et la société en fournissant une norme normalisée qui peut être facilement comprise et suivie.
L’AGGI permet de présenter cette influence du réchauffement sous la forme d’un simple indice. La base 1 (année de référence) est 1990.

L’AGGI en 2019 était de 1,45, ce qui signifie que nous avons augmenté l’influence du réchauffement de 45% depuis 1990. Il a fallu environ 240 ans pour que l’AGGI passe de 0 à 1, c’est-à-dire pour atteindre 100%, et 29 ans pour qu’elle augmente encore de 45%.
En termes d’équivalents CO2, l’atmosphère en 2019 contenait 500 ppm, dont 410 de CO2 seul. Le reste provient d’autres gaz.
Selon le rapport de 2014 du GIEC, il fallait rester en deçà de la barre des 450 ppm Equivalent Co2 qu’un réchauffement n’excédant pas 2 degrés soit « probable » !

Pour retrouver un taux aussi élevé de concentration de CO2 (plus de 400 ppm), il faut remonter au pliocène, il y a 3 millions d’années. Les températures s’élevaient à 3 ou 4° C au-dessus de celles actuelles et le niveau des océans était de 15 mètres plus haut.
L’inertie du climat s’explique par ce phénomène de concentration et la longévité des GES dans l’atmosphère. Nos actions (ou inactions) d’aujourd’hui ont-elles déjà conditionné le climat pour les prochaines décennies ? La question est extrêmement complexe et des approches scientifiques ne conduisent pas aux même appréciations.
Pour certains (Etude parue dans Nature Communications, 2018), même si le monde réduisait drastiquement ses émissions, « l’impact sur le réchauffement ne serait pas visible avant le milieu du siècle ». Selon Jean Jouzel (1), « Une fois les concentrations stabilisées, le réchauffement continue pendant un siècle ou plus, certes de façon limitée, mais loin d’être négligeable – certains estiment qu’il pourrait être voisin de 1 °C, au moins régionalement. Une grande partie de ce réchauffement est irréversible sur des périodes de plusieurs siècles, voire plusieurs millénaires. »
Mais attention, dans ce débat, à « parler de la même chose » et tout dépend du moment où nous pourrions atteindre un réel « zéro net » émissions. Il semble bien établi qu’il n’y aura pas de « retour en arrière ». Par contre, des recherches publiées en 2020, dans le cadre du projet ZECMIP (Zero Emissions Commitment Model Intercomparison Project) concluent que le changement de température futur prévu 50 ans après l’atteinte d’émissions nulles varie entre 0,3°C de refroidissement et 0,3°C de réchauffement en fonction des modèles, avec une moyenne multi modèles d’environ 0,03°C. Ce qui signifie une stabilisation.
(1) Jean Jouzel, climatologue, directeur de recherche émérite, membre du Conseil économique, social et environnemental, ancien membre du GIEC, Audition Assemblée Nationale, 18 janvier 2018.
Existe-t-il vraiment une inertie climatique de 20 ans ? (Bon Pote, janvier 2024)
« Il existe une idée reçue persistante selon laquelle ‘le climat serait bouclé pour 20 ans et que si nous agissons maintenant, nous ne verrions que les effets dans 20 ans. Bonne nouvelle : ce n’est pas ce que disent les dernières recherches scientifiques, et il est important d’expliquer pourquoi afin d’éviter l’inaction climatique. Cet article est une traduction d’un excellent article de Carbon Brief que nous avons traduit avec Christophe Cassou, que je partage ici avec l’accord de l’auteur ».
Le réchauffement climatique s’arrêtera-t-il dès que les émissions nettes seront nulles? (Carbon Brief, mai 2021)
« Les meilleures connaissances disponibles montrent qu’au contraire, le réchauffement devrait plus ou moins s’arrêter lorsque les émissions de dioxyde de carbone (CO2) seront nulles, ce qui signifie que l’Homme a le pouvoir de choisir son avenir climatique ».
Pour aller plus loin, un article très fouillé de Loïc Giaccone :
Inertie du climat, ou inertie des sociétés ? Novembre 2021.
Le climat est un système complexe, avec une inertie importante. La connaissance et la compréhension de cette inertie, ou plutôt, des différentes inerties de ce système, sont capitales dans un contexte de changement climatique. En effet, en fonction de la réaction du climat et de ses composantes, les mesures nécessaires pour faire face au risque climatique [1], aussi bien pour l’atténuation des émissions que pour l’adaptation aux impacts futurs, ne sont pas les mêmes. Dans cet article, nous reviendrons sur l’histoire des connaissances autour de ce qu’on appelle l’inertie du climat et ses différentes définitions, en nous appuyant sur les rapports d’évaluation et les rapports spéciaux du GIEC. Tout au long de cette chronologie, nous observerons comment ces éléments scientifiques et la gouvernance climatique, en particulier la définition des objectifs climatiques, se sont influencés mutuellement, au fil des années. Dans une dernière partie, nous distinguerons l’inertie climatique, strictement géophysique, de l’inertie sociétale, qui joue également un rôle capital dans la stabilisation du climat. Pour les plus pressé.es d’entre vous, vous trouverez une synthèse des dernières connaissances dans la première partie de l’article.