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L’ESSENTIEL
Ces contre-vérités sont multiples, et elles ont même une fâcheuse tendance à se « réinventer » en permanence. En faire une critique factuelle est sans doute nécessaire mais non suffisant car vous ne convaincrez jamais une personne qui n’a pas envie de voir la réalité en face. Par contre, il est indispensable de connaître ces arguments, ne serait-ce que pour nuire à l’influence que des climato-négationnistes pourraient avoir sur d’autres personnes. Concernant les obscurantistes, la seule manière d’aborder le sujet reste sans doute d’interroger le pourquoi il ou elle souhaite demeurer dans le déni.
Cette fiche sera régulièrement complétée (au fur et à mesure de la rédaction de nouveaux articles pour le journal). Nous commencerons par le fameux et très mythique « projet Haarp », la théorie de la causalité inversée entre réchauffement et CO2, et l’argutie de l’optimum climatique du Moyen-Age.
Cette fiche sera prochainement complétée… Un peu de patience 🙂 !
Le mythe du « projet Haarp »
Vous en avez certainement entendu parler : si le climat change, ce serait en raison d’une expérience quasi démoniaque, celle du « projet Haarp » !
C’est une vieille lubie conspirationniste depuis 25 ans (du moins pour ceux qui reconnaissent un réchauffement du climat !). Une très bonne vidéo a été réalisée par « AstronoGeek ». Résumé…
Le High frequency active auroral research program (Haarp) est un programme américain, à la fois scientifique et militaire, de recherche sur l’ionosphère.
Il nous faut donc déjà expliquer de quoi il s’agit. Comme son nom l’indique, l’ionosphère est la partie de l’atmosphère (entre 60 et 1000 kms d’altitude) qui est, au moins un peu, ionisée. Pour simplifier, un rayon ionisant est un rayon suffisamment chargé énergétiquement pour arracher un électron à un atome. L’atome perdant son équilibre (entre électrons et protons), il se retrouve chargé électriquement (il devient un « ion »). En arrivant au contact de l’atmosphère, les particules chargées du vent solaire ainsi que des rayons x ou gama (qui sont ionisants) ionisent les gaz qu’ils rencontrent.
Une bonne partie des particules chargées électriquement se retrouvent piégées dans le champ magnétique terrestre et sont déviées vers les pôles (ce qui est à l’origine des aurores boréales).
Mais cette ionosphère a une autre particularité : elle reflète également les ondes radio (qui sont aussi composées de photons dans des ondes à très basses fréquences). Ce qui va être intéressant pour contourner l’obstacle infranchissable que constitue la courbure terrestre (car oui, la terre est ronde !). Ainsi, les photons des ondes radio vont pouvoir « rebondir » contre l’ionosphère et permettre au message d’être transmis sur de très longues distances (toujours en fonction de la fréquence utilisée).
Cependant, cette technique a un sérieux point faible… L’ionosphère n’est pas homogène et elle est soumise aux caprices du soleil, ce qui rend les communications relativement aléatoires.
C’est là que le sujet a hautement intéressé les militaires : une armée qui a besoin de communiquer rapidement est forcément intéressée par une meilleure compréhension des interférences liées à l’ionosphère. Sans se cacher le moins du monde, l’armée américaine commande donc à l’université d’Alaska une série d’études sur l’ionosphère. L’observatoire de Gakona en Alaska voit le jour en 1993. Puis, en 2006, est installé un réseau d’antennes hautes fréquences.
Précisons de suite quelques chiffres très parlants : le signal envoyé ne dure que 10 millisecondes.
Il est concentré sur une zone de quelques kms de rayon et de quelques dizaines de centimètres d’épaisseurs, à des altitudes variant selon les fréquences utilisées de 70 et 350 km au-dessus des installations. Et la zone cible de l’expérience reçoit… 3 microwatts d’énergie par cm3 (contre 200 milliwatts par cm3 pour le soleil !). Les expérimentations ne dérèglent donc aucune communication, puisque les faisceaux d’ondes émis sont très faibles, fortement localisés et bien incapables de changer quoi que ce soit au climat ! Par contre, lors des envois d’ondes sur cette zone étroite, les réactions de l’ionosphère sont observées et analysées, sans avoir besoin d’attendre les caprices du soleil…
En 2014, l’armée cesse de commander des recherches, les communications se faisant par des voies plus fiables (les satellites). L’université d’Alaska lance alors une consultation au sein de la communauté scientifique pour savoir s’il fallait démanteler le site ou non. Les scientifiques ont massivement répondu qu’il fallait conserver cet outil important, pour travailler sur l’ionosphère comme d’autres observatoires dans le monde (l’observatoire de Porto Rico, ou l’ESCAT qui est un projet en Norvège).
Pour comprendre ensuite comment la sphère complotiste s’est emparée de ce projet de recherche pour en faire un « mal absolu », nous vous laissons regarder la vidéo complète !
Le réchauffement
« précèderait le CO2 » ?
« Il arrive (…) que le réchauffement précède une augmentation de la concentration en CO2 et non l’inverse comme le veut la théorie officielle » (1). Il n’est pas rare de lire et entendre, encore aujourd’hui, ce genre de propos qui, malheureusement pour leurs auteurs, ne résistent pas à l’état des lieux de nos connaissances en matières de climatologie et de paléoclimatologie ! Explications.
Pour répondre à ces questions, il faut d’abord (ré)expliquer les processus physiques complexes qui établissent le lien entre rayonnement et gaz à effet de serre (source IPSL). En résumé, la Terre reçoit du Soleil de l’énergie sous forme d’un rayonnement électromagnétique qui va du domaine des ultraviolets à celui des infrarouges (tous deux invisibles à l’œil humain), en passant par la lumière visible. Une grande partie de ces traverse sans obstacle l’atmosphère terrestre et chauffe les surfaces continentales ou rayonnements traverse sans obstacle océaniques.
La Terre émet, elle aussi, de l’énergie. Ce rayonnement électromagnétique se fait principalement dans l’infrarouge. Or l’atmosphère constitue un milieu opaque pour une grande partie de ces longueurs d’ondes à cause de certains gaz comme le CO2, la vapeur d’eau, le méthane, le protoxyde d’azote, l’ozone ou les fréons. La température de la Terre est donc le fruit de l’équilibre entre l’énergie reçue du Soleil et l’énergie émise par la Terre et en partie captée par les gaz à effet de serre. Il faut rappeler que l’effet de serre a été mis en évidence, dès le XIXe siècle, par des scientifiques comme Joseph Fourier ou Svante August Arrhenius. Aujourd’hui, Les différents modèles élaborés par des centaines d’équipes au niveau mondial montrent tous une corrélation entre concentration en CO2 et température terrestre et ils prédisent tous un réchauffement de la Terre à cause des émissions humaines de CO2.
Il y a encore un débat sur l’ampleur de ce réchauffement mais son principe ne fait aucun doute.
Pour en revenir précisément à l’argument climato sceptique, il relève d’une interprétation simpliste des données. Ainsi, pour le dire schématiquement, on peut effectivement observer des périodes durant lesquelles des réchauffements de températures ont précédé des émissions de CO2 (principalement lors des transitions entre périodes glaciaires et interglaciaires durant les derniers millions d’années).
C’est ce que semblaient montrer des enregistrements de carottes glaciaires, en particulier celles de Vostok en Antarctique, qui identifiaient un léger décalage, d’environ 700 à 1000 ans, entre l’augmentation des températures et celle du CO2. Ce réchauffement entraînait la libération de CO2 des océans et d’une partie des sols : une eau plus chaude retient moins bien le CO2. De même, les sols des régions arides ou gelées (comme la toundra) commencent à dégeler et à relâcher du CO2. Ces émissions viennent ensuite amplifier le réchauffement par effet de serre, dans un phénomène de « rétroaction positive ». Mais attention, non seulement ces observations ne peuvent remettre en question le réchauffement actuel généré totalement par les émissions de GES, mais elles sont également remises en cause ! En effet, les mesures sont plus compliquées à faire qu’il n’y paraît.
« Alors que les variations de température sont enregistrées en surface des calottes polaires, les bulles de gaz sont piégées à une centaine de mètres de profondeur. Il existe donc un décalage en profondeur entre l’enregistrement de température et l’enregistrement de CO2 pour un âge donné » et « La dernière déglaciation est survenue il y a entre 20 000 et 10 000 ans dans le passé. Les études les plus récentes à son sujet contredisent les premières études – qui montraient un retard du CO2 – et elles suggèrent que le CO2 et la température en Antarctique ont commencé à augmenter en même temps. Le CO2 apparaît donc comme une cause potentielle des déglaciations passées ». (source IPSL).
(1) « Climat de panique »- Yves Lenoir, 2001
Dommage pour les climato-sceptiques : non, il n’y a pas eu de réchauffement au Moyen Âge…
Un article de la revue «Nature» confirme le caractère inédit du dérèglement climatique et démonte un argument phare des climatosceptiques. Cette étude inédite des cercles concentriques de troncs de pins de Scandinavie a permis de remonter la grande histoire de la météo. Voilà des années que certains nient la réalité du changement climatique, répétant que le phénomène n’est rien de plus qu’un épisode naturel. La preuve, prétendent-ils souvent, il faisait bien plus chaud au Moyen-Age entre 900 et 1300 alors que la Terre était moins peuplée. Peu leur importe que l’ampleur de ce redoux, surnommé « optimum médiéval », soit relativisée depuis longtemps par la communauté scientifique ; il concernait surtout l’Atlantique nord, sans être global, ni aussi dévastateur qu’aujourd’hui.
La conclusion de l’étude est sans appel : « Le climat actuel de la péninsule fennoscandienne est nettement plus chaud que celui de la période médiévale », explique l’article scientifique. En fait, les températures de cette époque, à peine plus élevées que les normales médiévales, ont été surévaluées, selon les auteurs. « Cela indique que la variabilité naturelle dans la région est plus faible qu’on ne le pensait auparavant. L’étude donne ainsi une nouvelle crédibilité aux simulations modélisées des climats futurs (qui prédisent un réchauffement de +1,5 °C en 2030)», poursuit Jesper Björklund.
Source ICI