
L’ESSENTIEL
Si le chantier le plus urgent est celui de la rénovation thermique des bâtiments, le sujet est encore plus vaste.
Il implique de repenser toutes les architectures, le retour à des techniques de constructions vernaculaires (c’est-à-dire utilisant les matériaux locaux et des méthodes de construction traditionnelles) et des innovations.
L’architecture doit vivre une véritable révolution et doit impérativement intégrer de multiples aspects comme l’agriculture urbaine, les systèmes de gestion de l’eau et de traitement intégré des déchets, la conception de surfaces « éponges », les façades solaires, les récupérateurs de chaleur, les techniques d’utilisation des toits… En lien étroit avec une conception urbanistique qui restructurerait l’usage des espaces et des transports (biodiversité, « ville des quinze minutes »).
Le chantier de la rénovation énergétique des bâtiments
Selon les dernières données de l’Observatoire national de la rénovation énergétique (ONRE, 2023), le parc de logements français compterait 6,6 millions (6 569 000 exactement) de passoires thermiques sur les 30 millions de résidences principales. Premier souci : seules les étiquettes F et G du DPE sont considérées comme telles. Or, pour tenir un objectif de deux tonnes à l’horizon 2050, il serait nécessaire que tous les logements soient en classe A ou B. Ce ne sont donc pas 6,6 millions de logements qu’il nous faut transformer mais plus de 28 millions ! Sur une durée de 25 ans, cela équivaut à 1.14 millions de rénovations par an. Or, il y a eu seulement 624 000 rénovations en 2023 (en baisse de 7% par rapport à l’année précédente). Le « hic » supplémentaire : la très grande majorité de ces rénovations ont été faites au rabais et n’ont pas permis un classement en A ou B !
Sortir du béton…
Le domaine de la construction est le principal utilisateur de matières premières dans le monde, loin devant les besoins de l’énergie. Le béton est, après l’eau, la matière la plus consommée dans le monde. La production mondiale de ciment est en augmentation permanente et émet à elle seule de 5 à 6% des gaz à effet de serre (GES) des activités humaines. Le sable, également constituant du béton, est la deuxième matière minérale extraite avec des volumes en croissance très rapide et de nombreux impacts environnementaux et socio-économiques. La pénurie en est clairement annoncée au même titre que celle des énergies fossiles.
Les types d’éco-construction
On distingue schématiquement les types d’écoconstructions suivantes :
• Les bâtiments basse consommation (BBC). le BBC est une construction qui émet un très faible niveau de gaz à effet de serre.
• L’habitat passif va plus loin que le BBC dans la démarche de protection de l’environnement. Il est en mesure de générer lui-même l’énergie dont il a besoin pour fonctionner et répondre aux besoins de ses occupants.
• Les bâtiments à énergie positive ou « BEPOS »: il parvient à produire une plus grande quantité d’énergie que celle qu’il consomme en un an, grâce à mode de conception spécifique qui permet d’accumuler la chaleur et l’électricité du bâtiment avant de la restituer. Les principaux critères sont la prise en compte de la bioclimatique pour concevoir le bâtiment ; la performance de l’isolation thermique, l’emploi de matériaux biosourcés et locaux, la décentralisation de la production d’énergie et la présence d’un système de stockage, le traitement de « l’énergie grise » (l’énergie brûlée pour créer un produit et le recycler)…
Les matériaux de l’éco-construction
Les éco matériaux (ou matériaux « biosourcés » recouvrent une large gamme de produits : le bois, la terre, les isolants (laine de fibres végétales ou animales, de textiles recyclés, ouate de cellulose, chènevotte, anas de lin, bottes de paille…), des mortiers et « bétons » (béton de chanvre, de bois, de lin…), des panneaux (particules ou fibres végétales, paille compressée…), des chimies (colles, adjuvants, peintures…).
De multiples techniques de construction
Le bois (mais à compter d’avoir la ressource forestière suffisante), la terre crue, les briques de terre compressée, la terre paille, la pierre, le bambou. Le béton de chanvre et de chaux, le pisé, les briques d’adobe (briques de terre-paille, qui est la technique de construction la plus utilisée dans le monde !), puis, les enduits de chaux, le torchis, encore la terre, ou encore les toits en chaume, en roseaux (et oui !)
Concernant l’adobe, elle peut permettre de construire des immeubles (la ville de Shibam au Yemen, surnommée la Manhattan du désert est entièrement construite en adobe).
