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L’ESSENTIEL
La crise de l’eau qui a frappé Cape Town entre 2015 et 2018 est devenue un cas d’école mondial pour comprendre comment une grande métropole moderne peut se retrouver au seuil d’une rupture totale d’approvisionnement. Dès 2015, la ville a en effet commencé à subir une sécheresse exceptionnelle, la plus sévère de mémoire moderne, touchant trois années consécutives et provoquant un effondrement progressif des niveaux de barrages. Les analyses climatiques ont montré qu’il s’agissait de l’un des pires épisodes de déficit pluviométrique jamais enregistrés dans la région (voir https://es.wikipedia.org/wiki/Crisis_del_agua_en_Ciudad_del_Cabo ).
En janvier 2018, la municipalité a annoncé pour la première fois une date officielle de « Day Zero » – le jour où les niveaux des réservoirs passeraient sous 13,5 % de capacité, déclenchant la coupure de l’eau courante pour la quasi-totalité de la population et l’instauration d’une ration quotidienne de 25 litres par personne. La première estimation fixait cette échéance au 12 avril 2018, avant d’être régulièrement repoussée (mai, puis juin, puis juillet) grâce à un ensemble de mesures d’urgence et à quelques pluies tardives (https://en.wikipedia.org/wiki/Cape_Town_water_crisis).
Le World Economic Forum a décrit comment, à un moment critique, la ville n’était plus qu’à 90 jours de la panne généralisée (https://www.weforum.org/stories/2019/08/cape-town-was-90-days-away-from-running-out-of-water-heres-how-it-averted-the-crisis/ )
Les facteurs ayant conduit à cette quasi-catastrophe étaient multiples. Cape Town connaissait une croissance démographique rapide, une forte demande domestique en eau et une dépendance structurelle à des barrages de surface extrêmement vulnérables aux variations climatiques. National Geographic a souligné que la ville se trouvait dans l’une des régions les plus exposées du monde aux régimes météorologiques irréguliers, amplifiés par le changement climatique (https://www.nationalgeographic.com/science/article/partner-content-south-africa-danger-of-running-out-of-water)
La sécheresse persistante avait fait tomber les niveaux des grands réservoirs sous les 20-30 %, y compris le Theewaterskloof, la principale source d’eau de la région, dont les images en 2018 ont fait le tour du monde.
(https://de.wikipedia.org/wiki/Wasserkrise_von_Kapstadt)
Les risques sanitaires étaient majeurs : la coupure totale de l’eau aurait mis en péril les systèmes d’hygiène, l’assainissement, la capacité des hôpitaux à fonctionner, et aurait augmenté le risque de maladies hydriques dans les quartiers les plus pauvres. Les services municipaux, les organisations internationales et les épidémiologistes ont averti qu’un « Day Zero » effectif aurait pu provoquer une crise sanitaire majeure (https://en.wikipedia.org/wiki/Cape_Town_water_crisis).
La catastrophe a finalement été évitée grâce à une réduction spectaculaire et immédiate de la demande. La population a été mobilisée dans l’une des plus vastes campagnes de communication sur l’eau jamais lancées : restrictions drastiques, interdictions d’usage non essentiel, réduction du remplissage des piscines, arrêt de l’arrosage, obligation de réutiliser les eaux grises. Le World Economic Forum a salué une mobilisation citoyenne sans précédent, fondée sur un effort collectif de sobriété et de discipline (https://www.weforum.org/stories/2019/08/cape-town-was-90-days-away-from-running-out-of-water-heres-how-it-averted-the-crisis/).
Les usages agricoles ont aussi été fortement réduits. Finalement, les pluies de l’hiver austral 2018-2019 ont remonté les barrages juste à temps, permettant à la municipalité de retirer la date du « Day Zero » et d’éviter l’effondrement.
(https://www.globalwaterintel.com/articles/cape-town-day-zero-have-we-learned-the-right-lessons)
Le cas de Cape Town demeure aujourd’hui un repère international pour toutes les planifications de résilience hydrique : il montre que des seuils critiques existent réellement, que la sobriété peut temporairement stabiliser un système sous tension, mais que seule une diversification des sources d’eau, combinée à une gestion de la demande, peut éviter que d’autres villes ne se retrouvent, demain, au seuil d’un « Day Zero » bien réel.