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L’ESSENTIEL
La désertification qui touche le Sahel depuis plusieurs décennies accroît les risques de déstabilisation de la région, notamment à cause des flux de population quittant les zones rurales vers les villes pour échapper à la misère.

Le Sahel est une zone géographique qui s’étend en Afrique, de l’Atlantique à la mer Rouge. Traversant 11 pays du Sénégal à l’Érythrée, le Sahel forme la rive Sud du Sahara. Dans cette étendue semi-aride, se trouve une diversité d’écosystèmes (forêts sèches, steppes, savanes, etc.) aux ressources naturelles particulièrement fragiles. L’espace sahélien fait face depuis de nombreuses années à des menaces pesant sur la sécurité alimentaire et les conditions de vie de sa population. Sécheresses répétées, croissance démographique, déforestation… Autant de facteurs qui conduisent à la dégradation des terres auparavant nourricières.
Les ressources naturelles particulièrement fragiles du Sahel sont menacées par la désertification, qui est définie comme « la dégradation des terres dans les zones arides, semi-arides et subhumides sèches par suite de divers facteurs, parmi lesquels les variations climatiques et les activités humaines » (CNULCD, article 1er). La désertification correspond à une destruction progressive des sols, qui se traduit entre autres par leur perte de fertilité et a donc des conséquences sur les conditions de vie des populations locales. Contrairement à ce que l’on peut penser à l’évocation du terme désertification, il ne s’agit donc pas d’une avancée du désert du Sahara. (source RESAD).
Désertification au Sahel : historique et perspectives (Univ. Liège, 2010)
Le Sahel, au cours de ces dernières décennies, a connu deux crises majeures de sécheresse presque contiguës.
Actuellement, et depuis la fin des années 1980, la tendance pluviométrique montre, dans certaines zones, un retour vers les normes antérieures aux années 1970. Cependant, cette amélioration des totaux pluviométriques annuels semble être partiellement le fait d’une intensité des pluies plus importante, alors que la longueur de la saison des pluies n’évolue pas par rapport aux décennies de sécheresse. Par ailleurs, depuis la moitié du 20e siècle, la population sahélienne a plus que triplé et les prévisions pour 2050 avancent un facteur de croissance de l’ordre de 10. Les taux de croissance urbaine sont encore plus impressionnants et entraînent chaque jour d’importants bouleversements environnementaux. Une telle pression anthropique engendre un déboisement incontrôlé pour satisfaire les besoins en énergie des populations, la demande en bois d’œuvre et l’expansion agricole. En outre, le cheptel toujours plus nombreux et devant se satisfaire de parcours continuellement réduits engendre un surpâturage. Le tout provoque donc une dégradation de la couverture végétale du sol, une diminution globale des rendements des cultures, mais également une forte réduction de la biodiversité. L’article fait le point sur la controverse actuelle qui entoure les processus de désertification en Afrique de l’Ouest avant de conclure que, si les crises de sécheresse des années 1970 et 1980 ont été catastrophiques pour les populations du Sahel, les pressions anthropiques croissantes futures vont engendrer une désertification grandissante dans la bordure sud du Sahara, et ce sans compter les scénarii climatiques assez alarmants.