Retour au menu

L’ESSENTIEL
En asséchant la végétation, le changement climatique entraîne une augmentation du danger météorologique de feux de forêts. La quantité de combustible disponible une fois l’incendie déclaré augmente également. Les chercheurs de Météo-France ont étudié l’évolution de cet aléa au cours du siècle passé et pour les prochaines décennies : il augmente depuis les années 1960 et devrait encore augmenter au cours du XXIe siècle.
Chaque année, selon la FAO, 350 millions d’hectares de forêt sont brûlés par des incendies, soit six fois la superficie de la France.
Plus intenses, plus dévastateurs, les incendies géants se multiplient un peu partout sur la planète. Et surtout, ils gagnent en fréquence.
Un « mégafeu » est un incendie hors-norme par sa taille (plus de 10.000 ha en Australie et aux Etats-Unis, mais 5.000 ha en France), sa durée (des jours, voire des semaines) et surtout son comportement extrême : intensité, vitesse de propagation, fronts multiples, mais aussi mise en péril des biens et des personnes.
État des feux de forêt 2023-2024 (2024) (en anglais)
Abstract :
Les changements climatiques contribuent à l’augmentation de la fréquence et de l’intensité des feux de forêt à l’échelle mondiale, avec des répercussions importantes sur la société et l’environnement. Cependant, notre compréhension de la répartition mondiale des incendies extrêmes reste faussée, principalement influencée par la couverture médiatique et les efforts de recherche régionalisés. Ce premier rapport sur l’état des feux de forêt analyse systématiquement l’activité des incendies dans le monde entier, en identifiant les événements extrêmes de la saison des incendies de mars 2023 à février 2024. Nous évaluons les causes, la prévisibilité et l’attribution de ces événements au changement climatique et à l’utilisation des terres et prévoyons les risques futurs dans différents scénarios climatiques. Au cours de la saison des incendies 2023-2024, 3,9 × 106 km2 ont brûlé à l’échelle mondiale, soit légèrement moins que la moyenne des saisons précédentes, mais les émissions de carbone (C) des incendies étaient de 16 % supérieures à la moyenne, totalisant 2,4 Pg C. Les émissions mondiales de C des incendies ont été augmentées par les émissions record des forêts boréales canadiennes (plus de 9 fois la moyenne) et réduites par les faibles émissions des savanes africaines. Parmi les événements marquants, citons l’étendue record des incendies et des émissions au Canada, le plus grand feu de forêt enregistré dans l’Union européenne (Grèce), les incendies provoqués par la sécheresse dans l’ouest de l’Amazonie et dans le nord de l’Amérique du Sud, ainsi que les incendies meurtriers à Hawaï (100 décès) et au Chili (131 décès). Plus de 232 000 personnes ont été évacuées Français au Canada seulement, soulignant la gravité de l’impact humain. Nos analyses ont révélé que plusieurs facteurs étaient nécessaires pour provoquer des zones d’activité d’incendie extrême. Au Canada et en Grèce, une combinaison de conditions météorologiques propices aux incendies et d’une abondance de combustibles secs a augmenté la probabilité d’incendies, tandis que les anomalies de superficie brûlée étaient plus faibles dans les régions où les charges de combustible étaient plus faibles et la suppression directe plus élevée, en particulier au Canada. Les prévisions météorologiques relatives aux incendies au Canada ont montré un signal anormal léger 1 à 2 mois à l’avance, tandis que les événements en Grèce et en Amazonie avaient des horizons de prévisibilité plus courts. Les analyses d’attribution ont indiqué que les anomalies modélisées dans les superficies brûlées étaient jusqu’à 40 %, 18 % et 50 % plus élevées en raison du changement climatique au Canada, en Grèce et dans l’ouest de l’Amazonie pendant la saison des incendies 2023-2024, respectivement. Entre-temps, la probabilité de saisons d’incendies extrêmes de cette ampleur a augmenté de manière significative en raison du changement climatique anthropique, avec une augmentation de 2,9 à 3,6 fois de la probabilité de conditions météorologiques propices aux incendies au Canada et de 20,0 à 28,5 fois en Amazonie. D’ici la fin du siècle, des événements d’une ampleur similaire à ceux de 2023 au Canada devraient se produire 6,3 à 10,8 fois plus fréquemment dans le cadre d’un scénario d’émissions moyennes à élevées (SSP370). Ce rapport représente notre premier effort annuel visant à répertorier les incendies de forêt extrêmes, à expliquer leur occurrence et à prédire les risques futurs. En consolidant les connaissances scientifiques de pointe sur les incendies de forêt et en fournissant des informations clés pertinentes aux décideurs politiques, aux services de gestion des catastrophes, aux organismes de lutte contre les incendies et aux gestionnaires des terres, nous visons à améliorer la résilience de la société aux incendies de forêt et à promouvoir les progrès en matière de préparation, d’atténuation et d’adaptation. Les nouveaux ensembles de données présentés dans cet ouvrage sont disponibles sur https://doi.org/10.5281/zenodo.11400539 (Jones et al., 2024) et https://doi.org/10.5281/zenodo.11420742 (Kelley et al., 2024a).
Deux fois plus de feux de forêt extrêmes dans le monde ces vingt dernières années (juin 2024)
« Une étude confirme que la fréquence et l’intensité des incendies de forêt extrêmes ont plus que doublé dans le monde depuis deux décennies en raison du réchauffement climatique lié à l’activité humaine. Les forêts boréales comme celles du Canada sont parmi les plus touchées ».