La charge émotionnelle du sujet

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L’ESSENTIEL

Antonin Pottier. Le climato-scepticisme Réflexions sur la confusion des genres.

Futuribles, 2011, 380, pp.27-40. ffhal-00716418f

« Le changement climatique dérange car il oblige à un examen de nos modes de vie, un changement de nos habitudes.

Au niveau individuel, la perspective de devoir lutter contre un phénomène global et intangible peut susciter un sentiment d’impuissance, créateur d’angoisse ; le discours patelin des climato-sceptiques peut trouver du crédit auprès de chacun car il rassure et dissipe cette angoisse.

Cassandre perdra toujours le talent de persuader face à un Apollon contrarié dans son entreprise : les promesses doucereuses d’un avenir paisible sont plus racoleuses que les prédictions de malheur. »

Etude : « Comment l’inquiétude liée au changement climatique influence-t-elle la relation entre l’anxiété climatique et la paralysie écologique ? Une étude de modération » – Septembre 2023

Extrait :

« La santé mentale est déjà une préoccupation de santé publique significative, mais elle deviendra encore plus critique à mesure que la température moyenne mondiale augmente.

Dans ce contexte, il est urgent de développer des approches nouvelles et adaptées pour évaluer les émotions liées au changement climatique, y compris l’anxiété climatique et la paralysie écologique.

Ces mesures sont essentielles pour identifier et quantifier le fardeau de la crise climatique sur la santé mentale, mais aussi pour explorer la relation entre diverses émotions liées au changement climatique, comme cela a été fait dans notre étude.

Cette recherche peut informer des interventions efficaces pour atténuer les effets sur la santé mentale. Par exemple, il est important de considérer comment nous communiquons les informations sur le changement climatique et les émotions associées pour garantir une éducation et une sensibilisation optimales.

Une étude récente de Silva et Coburn (2023) suggère que susciter un niveau de préoccupation approprié à propos du changement climatique, plutôt que d’induire la peur, peut être plus efficace pour transmettre des nouvelles et des preuves liées au climat.

De plus, des recherches ont montré qu’une inquiétude normale et adaptative augmente l’attention portée aux problèmes environnementaux et fournit des ressources cognitives pour la réflexion et la résolution de problèmes.

En effet, alors que l’inquiétude pousse les individus à utiliser des compétences de résolution de problèmes pour aborder leurs préoccupations, l’anxiété est plus liée à des pensées irréalistes et compromet souvent leur capacité à fonctionner. »

Source : https://www.mdpi.com/2225-1154/11/9/190

Extrait :  « pour de nombreux chercheurs, l’éco-anxiété n’est pas une maladie mentale ou une pathologie. Ainsi, les chercheurs australiens et néo-zélandais mentionnés plus haut affirment qu’à l’instar de nombreux autres chercheurs, « [ils mettent] en garde contre la pathologisation des réponses psychologiques et émotionnelles à la crise environnementale, car cela suppose que ces réponses sont inadaptées, inutiles ou disproportionnées par rapport à la menace posée ». Pour eux, en effet, « l’éco-anxiété et l’anxiété liée au changement climatique sont largement des réponses rationnelles compte tenu de la gravité de la crise zélandais11 ». Véronique Lapaige explique également que l’éco-anxiété ne relève pas « du registre de la santé mentale » ou « du pathologique », « ça n’a rien à voir avec le secteur psy » et « ça n’a rien d’une maladie ». Pour elle, c’est avant tout « un mal-être, une responsabilisation nécessaire qui est expérimentée, qui va conduire à un engagement responsable en termes de pensée, de parole et d’action ». C’est également la position d’Alice Desbiolles pour qui l’éco-anxiété n’est pas une pathologie, mais plutôt « une réaction adaptative, normale face à une prise de conscience des enjeux environnementaux ». De son point de vue, « les personnes éco-anxieuses sont in fine les personnes rationnelles et lucides dans un monde qui ne l’est pas » et il est donc « important de ne pas pathologiser des émotions par rapport à des réactions normales face à un événement indésirable. C’est la raison pour laquelle l’éco-anxiété n’est pas une maladie mentale ».

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