(Pollution plastique, euthrophisation…)
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L’ESSENTIEL
La pollution tellurique (comme les pollutions agricoles, les rejets de nutriments et pesticides ou encore les eaux usées non traitées y compris les plastiques) représente environ 80% de la pollution marine à l’échelle mondiale.
La pollution plastique
On estime que ce sont, chaque année, 9 à 12 millions de tonnes de plastique qui sont déversées dans les océans. Ensuite, ce plastique, bien entendu, s’accumule ! Depuis 1950, entre 75 et 199 millions de tonnes ont été rejetées et polluent actuellement les océans. C’est un danger mortel pour la faune océanique. À ce jour, on estime que 100 000 tortues et mammifères marins meurent chaque année de la pollution plastique. De plus, 90 % des oiseaux de mer ont des fragments de plastique dans l’estomac. En tout, 693 espèces marines sont actuellement menacées par la pollution plastique (source)
Un « huitième continent » !
Situé dans le nord-est de l’océan Pacifique, et découvert en 1997, le « continent plastique », aussi appelé « grande zone d’ordures du Pacifique » (Great Pacific Garbage Patch, GPGP), est une immense traînée de déchets (sacs, bouteilles, emballages, filets de pêche abandonnés et microparticules dégradées) qui s’agglutinent dans plusieurs zones des océans, sous l’effet de tourbillons géants formés par les courants marins. Sa taille totale est évaluée à environ 1,6 million de km2 soit plus que la France, l’Allemagne et l’Espagne réunies (source).
Des particules plastiques ont été retrouvées dans un grand nombre d’espèces consommées par les humains, les déchets pharmaceutiques (seringues, pansements, etc…) posent un problème de santé publique en étant vecteurs de transmission de maladies infectieuses…
L’eutrophisation
Il s’agit d’un apports excessifs d’éléments nutritifs.
L’eutrophisation des milieux aquatiques est un déséquilibre du milieu provoqué par l’augmentation de la concentration d’azote (nitrates agricoles, eaux usées, et aussi pollution automobile) et de phosphore (phosphates agricoles et eaux usées également) dans le milieu.

Les apports excessifs d’éléments nutritifs sont à l’origine des algues vertes mais aussi de nombreuses zones avec peu d’oxygène (ou zones hypoxiques) appelées zones mortes, au sein desquelles la plupart de la vie marine ne peut pas survivre, entrainant l’effondrement de certains écosystèmes.
Dans une étude parue dans la revue Geophysical Research Letters (avril 2018) des scientifiques annonçaient avoir découvert dans le Golfe d’Oman, qui relie la mer d’Arabie au golfe Persique, une « zone morte » plus grande que l’Ecosse où le faible niveau d’oxygène empêche toute vie marine. Comble du cauchemar, cette zone morte continue à s’étendre.
En 2003, un rapport de l’ONU estimait à 150 le nombre de zones mortes dans les océans, cinq ans plus tard, une étude publiée par l’Institut de sciences marines de Virginie en dénombrait plus de 400.
En 2024, la situation était très loin de s’être améliorée !
Les chercheurs de l’Institut royal des Pays-Bas de recherche sur la mer tirent la sonnette d’alarme : environ 700 zones mortes sont alors répertoriées dans les océans, « la plupart du temps près des côtes. Parmi les plus grandes, on peut citer celle située le long des côtes américaines de la Louisiane, ou encore une autre le long de la côte est américaine près de New York, mais aussi celle de la mer baltique près de la Suède » (source).
Plus de 200 000 tonnes de plastique sont déversées chaque année en Méditerranée – rapport de l’UICN, octobre 2020
Un nouveau rapport de l’UICN révèle qu’environ 229 000 tonnes de déchets plastiques sont déversées chaque année dans la mer Méditerranée – l’équivalent de plus 500 de conteneurs d’expédition par jour – et ce principalement à cause d’une mauvaise gestion des déchets. Sans intervention significative, cette pollution ne va cesser de s’aggraver jusqu’à doubler et atteindre 500 000 tonnes d’ici 2040.
QU’EST-CE QUE LE SEPTIÈME CONTINENT ? (Cité des Sciences et de l’Industrie)
« Les plus grandes décharges de déchets au monde sont loin de nos yeux, à des milliers de kilomètres du territoire français. On les nomme le septième continent, car ces zones polluées sont vastes comme un continent. On estime que chaque minute 80 à 120 tonnes de déchets finissent en mer ; une grande partie de ces déchets sont des matières plastiques. Alors que les débris les plus denses s’accumulent sur les fonds marins, ceux qui flottent sont entrainés par les courants, convergent et s’accumulent dans les gyres subtropicaux, de grands courants circulaires« .

Océan (UNESCO)
Conserver la diversité de la vie sur Terre et la santé des océans est essentiel au bien-être humain mondial, mais des ressources essentielles sont menacées par les résultats directs de pratiques non durables. Le développement durable ne peut être atteint uniquement par des solutions technologiques, une réglementation politique ou des instruments financiers. Nous devons changer notre façon de penser et d’agir.

L’UNESCO dirige la mise en œuvre de la Décennie des Nations Unies pour les sciences océaniques au service du développement durable (2021-2030), une occasion unique pour les scientifiques et les parties prenantes de divers secteurs de développer les connaissances scientifiques et les partenariats nécessaires pour accélérer et exploiter les progrès des sciences océaniques pour parvenir à une meilleure compréhension de l’océan et proposer des solutions fondées sur la science pour réaliser le Programme 2030.
Source : https://www.unesco.org/en/ocean (en anglais)
Les « zones mortes » se multiplient dans les océans : voici ce que cela signifie (Futura Sciences, mars 2024).
« Certaines zones mortes se sont formées de manière naturelle, mais de plus en plus sont liées à la pollution humaine. D’où vient cette pollution de nutriments ? Des produits agricoles principalement, du traitement de l’eau, mais aussi des produits courants que nous choisissons d’acheter : liquide d’entretien, lessive, engrais, etc. Ces produits finissent dans les rivières, qui elles-mêmes transportent cette pollution jusqu’à la mer. Une fois dans les océans, de grands courants marins transportent la pollution vers des zones où elle reste ensuite piégée, et s’agglomère d’année en année« .
Plastiques dans l’eau en bouteille : de 10 à 100 fois plus de particules que prévu (Reporterre, 9 janvier 2024)
Quelque 240 000 fragments de plastique par litre d’eau en moyenne. C’est ce qu’ont décompté des chercheurs en analysant l’eau contenue dans les bouteilles en plastique, dans une étude publiée le 8 janvier dans la revue scientifique PNAS. (voir ci-dessous, NDLR).

Ces résultats ont alerté les scientifiques car cette teneur en particules plastiques est 10 à 100 fois plus élevée que ce qui était estimé jusque-là. Ces particules sont à 90 % des nanoplastiques (au diamètre inférieur à 1 micromètre), le reste étant des microplastiques (1 micromètre à 5 millimètres). Or, les nanoparticules sont suspectées d’être les plus toxiques, car plus susceptibles de franchir les barrières du corps en raison de leur taille, rappellent les scientifiques.
Imagerie chimique rapide de nanoplastiques à particules individuelles par microscopie SRS (PNAS, Janvier 2024)
Abstract
Les plastiques sont désormais omniprésents dans notre vie quotidienne. L’existence de microplastiques (de 1 µm à 5 mm de longueur) et peut-être même de nanoplastiques (< 1 µm) a récemment suscité des inquiétudes en matière de santé. En particulier, les nanoplastiques sont considérés comme plus toxiques car leur plus petite taille les rend beaucoup plus susceptibles, par rapport aux microplastiques, de pénétrer dans le corps humain. Cependant, la détection des nanoplastiques impose d’énormes défis analytiques à la fois sur la sensibilité à l’échelle nanométrique et sur la spécificité d’identification des plastiques, ce qui entraîne un manque de connaissances dans ce mystérieux nanomonde qui nous entoure. Pour relever ces défis, nous avons développé une plate-forme d’imagerie par diffusion Raman stimulée hyperspectrale (SRS) avec un algorithme automatisé d’identification des plastiques qui permet l’analyse des micro-nano-plastiques au niveau des particules individuelles avec une spécificité chimique et un débit élevés. Nous avons d’abord validé l’amélioration de la sensibilité de la bande étroite de SRS pour permettre la détection à grande vitesse de nanoplastiques individuels en dessous de 100 nm. Nous avons ensuite conçu un algorithme de correspondance spectrale piloté par les données pour relever les défis d’identification spectrale imposés par l’imagerie hyperspectrale sensible à bande étroite et obtenir une détermination robuste des polymères plastiques courants. Avec la technique établie, nous avons étudié les micro-nano plastiques de l’eau en bouteille comme système modèle. Nous avons réussi à détecter et à identifier les nanoplastiques des principaux types de plastique. Les concentrations de micro-nano plastiques ont été estimées à environ 2,4 ± 1,3 × 105 particules par litre d’eau en bouteille, dont environ 90 % sont des nanoplastiques. C’est des ordres de grandeur supérieurs à l’abondance de microplastiques rapportée précédemment dans l’eau en bouteille. Le comptage à haut débit de particules individuelles a révélé une hétérogénéité et une non-orthogonalité extraordinaires des particules entre la composition et les morphologies du plastique ; le profilage multidimensionnel qui en résulte éclaire la science des nanoplastiques.