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L’ESSENTIEL
La sensibilité climatique à réévaluer
Depuis des décennies, les scientifiques s’attaquent à une question d’apparence simple : si la quantité de CO2 dans l’atmosphère double, de combien se réchauffera la surface terrestre ?
Mais définir exactement cette « sensibilité climatique » est difficile, en raison notamment de multiples variables, comme l’influence des océans et forêts et leur rôle de « puits à carbone », captant pour l’heure plus de la moitié des émissions humaines.
De nouveaux modèles scientifiques, grâce à l’augmentation des données disponibles et de la puissance de calcul depuis les dernières projections du GIEC en 2013, pointent un effet renforcé du dioxyde de carbone sur le réchauffement du climat et suggèrent que des émissions de CO2, jusqu’ici associées à un réchauffement de 3 degrés, pourraient en fait faire monter la température de 4, voire 5 degrés.
Il faut cependant noter que d’autres études aboutissent à des évaluations plus « rassurante » comme celle publiée dans ScienceAdvances, en avril 2024 (voir en bas de page).
Réchauffement climatique en perspective selon James E. Hansen : 1.71°C en 2030 (par Dorata Retelska, Novembre 2023)
James Hansen est un des plus grand climatologues du monde. Il a alerté le gouvernement des Etats-Unis sur le réchauffement climatique. Dans cette vidéo, les plus grands spécialistes actuels témoignent de l’excellence de ses prévisions climatiques. Il a aussi une énorme expérience du domaine. Je trouve son travail scientifique sur la montée du niveau de la mer publié en 2016 (lien, et aussi lien) très convaincant, plusieurs de ses conclusions et postulats ont été confirmés ces dernières années.
Il se bat pour le climat depuis des décennies, et a été arrêté pour lors de manifestations pour le climat devant la Maison Blanche. Il a des grandes connaissances de climatologie. J’hésite donc réellement à le contredire mais j’ai quelques objections. Son travail apporte évidemment de nombreux éléments utiles, et il a le mérite d’être disponible aujourd’hui. Vu la situation climatique, nous ne pouvons pas attendre le prochain rapport du GIEC.
(…) « James établit l’effet du gaz carbonique en comparant sa concentration et les températures à diverses époques et obtient une une valeur de sensibilité climatique. Ce chiffre correspond aux degrés de réchauffement suite à un doublement du gaz dans l’atmosphère (de 270 à 540 ppm). La valeur du GIEC est d’environ 3°C par doublement de CO2, alors que ce travail aboutit à une valeur plus élevée, de 4.8°C. La concentration actuelle de gaz carbonique mènerait donc déjà à un réchauffement d’environ 2.5 degrés, en plus d’une centaine d’années. Une autre étude récente suggère que la continuité des émissions de carbone actuelles mènerait déjà au déclenchement de boucles de rétroaction positives du climat (lien).
Last Glacial Maximum pattern effects reduce climate sensitivity estimates (ScienceAdvances, Avril 2024)
Les effets du modèle du dernier maximum glaciaire réduisent les estimations de sensibilité climatique
Abstract :
Nous montrons ici que le dernier maximum glaciaire (LGM) fournit une contrainte plus forte sur la sensibilité climatique à l’équilibre (ECS), le réchauffement global dû à l’augmentation des gaz à effet de serre, après avoir pris en compte les modèles de température. Les rétroactions qui régissent l’ECS dépendent des modèles spatiaux de la température de surface (« effets de modèle ») ; par conséquent, l’utilisation du LGM pour contraindre le réchauffement futur nécessite de quantifier la manière dont les modèles de température produisent des rétroactions différentes pendant le refroidissement du LGM par rapport au réchauffement actuel. En combinant des reconstructions d’assimilation de données avec des modèles atmosphériques, nous montrons que le climat est plus sensible au forçage du LGM parce que les calottes glaciaires amplifient le refroidissement extratropical où les rétroactions sont déstabilisantes. La prise en compte des effets de modèle du LGM donne une ECS moderne médiane de 2,4 °C, avec une plage de 66 % de 1,7 ° à 3,5 °C (1,4 ° à 5,0 °C, 5 à 95 %), à partir des seules preuves du LGM. En combinant le LGM avec d’autres sources de données, la meilleure estimation devient 2,9°C, 66 % de la plage de 2,4° à 3,5°C (2,1° à 4,1°C, 5 à 95 %), réduisant considérablement l’incertitude par rapport aux évaluations récentes.