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En Yakoutie, le réchauffement climatique provoque la fonte de sols jusqu’ici gelés toute l’année. Des milliers d’habitations menacent de chavirer dans la boue en été, tandis que les villages du nord sont submergés par des inondations noires
L’ESSENTIEL
Le Pergélisol (permafrost en anglais), constitué de ces sols gelés toute l’année qui recouvrent 25 % des terres émergées de l’hémisphère Nord, notamment en Russie, au Canada et en Alaska, a commencé à fondre 70 ans plus tôt que prévu.
Le dégel du pergélisol a significativement augmenté au cours des deux dernières décennies, avec des conséquences préoccupantes sur l’environnement et le climat global. Voici quelques chiffres clés pour illustrer cette tendance :
Température du pergélisol : Entre 2007 et 2016, la température moyenne du pergélisol a augmenté d’environ 0,29 °C, avec des variations régionales importantes. Par exemple, dans les zones de pergélisol continu (comme le nord de la Sibérie), l’augmentation a atteint environ 0,39 °C, tandis que dans les zones de pergélisol discontinu et en région montagneuse, les hausses étaient respectivement de 0,20 °C et 0,19 °C (Sciencepost).
Études régionales : Des études ont montré que dans certaines régions de l’Arctique, les sols se sont réchauffés jusqu’à près de 1 °C, une tendance accentuée par le réchauffement climatique, notamment au pôle Nord où le réchauffement est 2 à 3 fois plus rapide que la moyenne mondiale (Sciencepost).
Ce dégel déclenche une redoutable boucle de rétroaction : le dégel du pergélisol libère des gaz à effet de serre (GES) tels que le dioxyde de carbone et le méthane, exacerbant ainsi le réchauffement climatique dans une boucle de rétroaction positive. Bien que le dégazage de GES ne soit pas, à priori, suffisant pour provoquer un « emballement » climatique, il contribue de manière significative aux émissions globales, affectant les écosystèmes et les populations locales (Bon Pote).
Enfin, il existe un risque réel de libération de virus inconnus. Le pergélisol contient des virus et des bactéries qui ont été piégés dans la glace pendant des milliers, voire des millions d’années. Avec le réchauffement climatique et le dégel du pergélisol, ces agents pathogènes pourraient être libérés dans l’environnement. Des études ont montré que certains de ces microbes peuvent rester viables même après de longues périodes de congélation (Sciencepost) (Bon Pote). Il y a eu plusieurs cas documentés où des microbes anciens ont été réactivés. Par exemple, en 2016, une épidémie d’anthrax en Sibérie a été attribuée à la fonte du pergélisol, qui a exposé une carcasse de renne infectée vieille de plusieurs décennies (Sciencepost). Des chercheurs ont également réussi à réactiver des virus anciens à partir de sols gelés. En 2014, des scientifiques français ont ressuscité un virus géant vieux de 30 000 ans à partir de carottes de pergélisol sibérien. Ce virus, bien qu’inoffensif pour l’homme, démontre la capacité des virus à survivre dans des conditions extrêmes pendant des périodes prolongées (Sciencepost) (Bon Pote).