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L’ESSENTIEL
Le déni climatique peut prendre plusieurs formes, reflétant différentes façons de répondre à l’information sur le changement climatique. En voici quelques déclinaisons.
Déni ouvert ou explicite :
Cette forme de déni se caractérise par une réfutation directe de l’existence ou de la gravité du changement climatique. Les individus ou groupes qui adoptent cette position peuvent rejeter les preuves scientifiques ou les consensus établis concernant le réchauffement planétaire et ses impacts. Une variante plus récente du déni explicite consiste non pas à contester le réchauffement / dérèglement climatique, mais à affirmer que ces phénomènes ne sont aucunement liés aux émissions anthropiques de gaz à effet de serre.
Nous y reviendrons dans nos fiches sur « la nébuleuse climato sceptique et/ou dénialiste » (et nous y verrons également les « techniques » de désinformation utilisées).
Déni implicite ou inaction :
Même si certaines personnes reconnaissent l’existence du changement climatique, elles peuvent ne pas agir en conséquence. Ce type de déni se manifeste par une dissonance entre la reconnaissance du problème et l’absence de mesures prises pour l’atténuer ou s’y adapter. Cela peut être dû à un sentiment d’impuissance ou à une minimisation de l’urgence de la situation.
Déni par distraction :
Cette forme implique le détournement de l’attention des questions climatiques vers d’autres sujets jugés plus urgents ou moins controversés. Cela peut inclure l’accent mis sur des questions économiques ou d’autres crises immédiates qui éclipsent les préoccupations environnementales.
Déni par la fatalité :
Certaines personnes peuvent reconnaître le changement climatique mais estiment que c’est inévitable et que rien ne peut changer le cours des choses. Cette fatalité peut conduire à une acceptation passive du changement climatique plutôt qu’à une recherche active de solutions.
Déni économique :
Ce type de déni se base sur l’idée que les mesures nécessaires pour lutter contre le changement climatique nuiraient à l’économie. Les individus et les groupes peuvent donc rejeter ou minimiser la nécessité de ces mesures pour protéger les intérêts économiques actuels.
Les représentations sociales du changement climatique (ADEME, 2025)
Administrée au cours du mois de juillet, dans un contexte de vagues de chaleur intense en France, la nouvelle édition de l’enquête sur les « Représentations sociales du changement climatique » semble indiquer une relative stabilisation des perceptions du public quant à la réalité et aux conséquences du changement climatique. Et si plus d’un Français sur deux considèrent que les scientifiques évaluent correctement les risques du changement climatique, un quart de la population pense qu’ils les sous-estiment. Globalement, près de huit Français sur dix accordent de l’importance à la protection de l’environnement. Mais face à d’autres sujets de préoccupations conjoncturels (hausse des prix, dette de l’Etat, sécurité, etc.), « l’environnement, la transition écologique » ne se situe qu’au cinquième rang des questions les plus importantes pour la France (à égalité avec la santé). L’inquiétude vis-à-vis du changement climatique est largement répandue quelles que soient les catégories sociales, culturelles et politiques. Et le pessimisme quant à l’avenir est croissant. Deux-tiers ne pensent pas que le changement climatique pourra être limité à des niveaux raisonnables d’ici à la fin du siècle (+6pts). Alors même que seulement 37% des Français jugent que les actions mises en oeuvre en France depuis l’accord de Paris il y a 10 ans sont à la hauteur des objectifs fixés. Les Français sont également plus nombreux cette année à considérer que les mesures prises par leur territoire pour s’adapter aux conséquences du changement climatique ne sont pas suffisantes. L’adhésion pour une série de mesures de réduction des gaz à effet de serre fléchit mais reste majoritaire. Les Français attendent notamment massivement que la règlementation actuelle concernant la protection de l’environnement soit renforcée.
Les représentations sociales du changement climatique – 24ème vague du baromètre (ADEME)
Depuis 2000, l’ADEME conduit une enquête administrée chaque année auprès d’échantillons représentatifs de la population Française permettant de dresser un tableau des représentations sociales du changement climatique et de leurs évolutions.
Chaque année, l’enquête est également réalisée auprès d’un sur-échantillon cible. Cette année il a porté sur les décideurs économiques qui avaient déjà été interrogés en 2018.
Les évolutions cette année pointent souvent une stagnation, voire une diminution du degré de sensibilité du public. Toutefois, la tendance dominante est toujours celle d’une forte conviction aussi bien sur la réalité du changement climatique que sur ses causes anthropiques. Les Français ont le sentiment d’agir à leur échelle et font part de fortes attentes vis-à-vis de l’Etat pour lutter contre le changement climatique.
Les résultats concernant les décideurs économiques font apparaitre une montée spectaculaire des enjeux du changement climatique concernant les entreprises. Ils se montrent plus sensibles que le public à la question du changement climatique et plus convaincus de son origine anthropique. S’ils considèrent en majorité que l’activité de leur entreprise a des impacts sur le climat, ils la jugent capable de réduire significativement ses émissions. Eux aussi attentent plus d’intervention des pouvoirs publics.
Qui sont les climatosceptiques en France et combien sont-ils vraiment ? (Vert, novembre 2024)
L’appellation «climatosceptiques» est un grand fourre-tout qui regroupe des familles bien différentes, dont l’organisation Parlons climat vient de brosser le portrait comme jamais auparavant. Sont-ils forcément d’extrême droite ? Plutôt masculins ? Quelles sont leurs préoccupations et comment leur parler ? Tour d’horizon d’un sujet brûlant
Racines socio-économiques du déni et de l’incertitude face au changement climatique au sein de la population européenne (2022)
Abstract :
« Malgré le consensus scientifique écrasant, dans de nombreux pays occidentaux, il semble y avoir une part considérable de personnes remettant en question l’existence et la cause anthropique du changement climatique.
L’incrédulité face au changement climatique comprend le rejet absolu de l’existence d’un changement climatique anthropique (déni du changement climatique) ainsi qu’un manque de certitude quant à la cause anthropique du changement climatique (incertitude du changement climatique).
Bien que des recherches considérables aient été menées sur ce phénomène, les racines de l’incrédulité face au changement climatique ne sont pas encore pleinement comprises.
Dans cet article, les données du Round 8 de l’Enquête sociale européenne sont utilisées pour étudier les racines socio-économiques possibles de l’incrédulité face au changement climatique aux niveaux individuel, régional et national.
Les résultats montrent que le déni du changement climatique est un phénomène marginal parmi les populations européennes, mais qu’une grande partie de la population attribue le changement climatique à parts égales aux influences humaines et aux processus naturels.
Il apparaît ainsi que le niveau d’incrédulité face au changement climatique varie d’un pays à l’autre, et plus encore d’une région à l’autre au sein d’un même pays.
Les résultats de différents modèles multiniveaux à trois niveaux montrent que des facteurs socioéconomiques peuvent expliquer en partie cette variation.
Les individus qui ne se sentent pas sûrs de leur avenir économique sont beaucoup plus susceptibles de rejeter l’existence d’un changement climatique anthropique.
En outre, le déni et l’incertitude du changement climatique sont plus fréquents dans les régions plus rurales et moins prospères et dans les pays économiquement plus dépendants des combustibles fossiles.
Les résultats contribuent à une compréhension plus approfondie de l’incrédulité de la population européenne face au changement climatique et ont des implications importantes pour les efforts d’atténuation du changement climatique ».