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L’ESSENTIEL
Face aux menaces, aux peurs, au terrorisme, aux guerres, aux « vagues de migrants », aux crises alimentaires et au stress hydriques, nombre de personnes cherchent refuge « à l’abri d’un pouvoir fort ».
La progression du suprémacisme blanc, la désagrégation plus ou moins rapide des démocraties libérales, l’apparition de Cités « forteresses », l’essor de quartier riches ultra-protégés (à l’image des « condominios » aux Brésil ou gated communities aux USA), la montée en puissance de baronnies locales militaro-policières (en réaction à l’Etat central défaillant et débordé), une militarisation croissante des sociétés (pour faire face aussi bien aux situations d’urgence que pour mater les insurrections internes), doublée d’une surveillance de masse sur un modèle chinois, sont autant de risques forts de l’avènement d’un futur dystopique.
Pour analyser le risque « fasciste », encore convient-il d’en comprendre les mutations. Les partis d’extrême droite européens sont les premiers à refuser le qualificatif de « fasciste ». Ils ont… raison, car ils s’ancrent dans ce que le nomme le postfascisme (voir les travaux d’Enzo Traverso ci-dessous).
Spectres du fascisme
Les métamorphoses des droites radicales au xxie siècle (2015)
Définir les nouveaux visages du fascisme implique de se défaire aussi bien des usages courants du mot que de la gangue « savante » dans laquelle il est pris. Les premiers, qui prolifèrent à la suite d’événement traumatiques comme ceux du 7 janvier 2015, servent à qualifier tout et son contraire – l’« islamo-fascisme » comme les politiques sécuritaires –, la seconde en fait un usage stérile, le plus souvent en se contentant d’une approche comparatiste annonçant le retour des années 1930. L’enjeu, pourtant, n’est pas mince, qui est de nous permettre de trouver les outils ad hoc pour « révéler » les contours de ce fascisme postmoderne sans « horizon d’attente » autre que celui du retour à l’ordre (réactionnaire, identitaire et souverainiste) et structuré, bien plus que par l’antisémitisme ou l’anticommunisme, par une islamophobie enragée.