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L’ESSENTIEL
Initiée il y a seulement une soixantaine d’années, la production de masse des matières plastiques s’est accélérée à une telle vitesse qu’elle a généré 8,3 milliards de tonnes, dont la plupart sont des produits jetables qui finissent par devenir des déchets (source).
A noter que le plastique d’emballage représente 39,1 % du plastique consommé en Europe (source). Pour le reste, il s’agit des tuyaux, câbles, revêtements et isolants dans la construction bâtiment (20.4%), des composants automobiles (9.6%), des meubles, jouets et ustensiles de cuisine (10.1%), des appareils électroménagers, ordinateurs, téléphones (6.2%), ou encore des films agricoles, tuyaux, filets (3.4%)…
Pour ce qui concerne particulièrement les emballages plastique, et dans le cadre du Pacte vert européen, 55% de ces déchets devraient être recyclés d’ici 2030. Sauf que nombreux problèmes se posent. Nous en sommes loin : 39,7 % des emballages en plastique des 27 pays de l’Union étaient recyclés en 2021 (et il ne s’agit que des plastiques collectés).
Si l’on reprend l’ensemble de la pollution plastique au niveau mondial, les chiffres sont saisissants. Une très faible part des plastique est recyclée.
Selon une étude parue dans Science Advances en juillet 2017, « Nous estimons que 8 300 millions de tonnes métriques (Mt) de plastique vierge ont été produites à ce jour. En 2015, environ 6 300 Mt de déchets plastiques ont été générés, dont environ 9 % ont été recyclés, 12 % ont été incinérés et 79 % se sont accumulés dans des décharges ou dans l’environnement naturel. Si les tendances actuelles en matière de production et de gestion des déchets se poursuivent, environ 12 000 Mt de déchets plastiques se retrouveront dans des décharges ou dans l’environnement naturel d’ici 2050. »
Aujourd’hui, l’idée du « recyclage du plastique » est-elle réaliste ?
La Diversité des plastiques est un sérieux frein : il existe de nombreux types de plastiques (par exemple, PET, HDPE, PVC, LDPE, PP, PS, etc.), chacun ayant des propriétés différentes. Certains types de plastiques sont plus facilement recyclables que d’autres. Les plastiques thermodurcissables, par exemple, ne peuvent pas être fondus et reformés, contrairement aux plastiques thermoplastiques qui peuvent être réchauffés et moulés à plusieurs reprises. Le mélange de différents types de plastiques complique le processus de recyclage, car les différents plastiques ont des températures de fusion et des propriétés physiques différentes.
Par ailleurs, les plastiques mélangés à des matériaux non recyclables (par exemple, des restes alimentaires, des colles, des étiquettes) ou à d’autres types de plastiques deviennent difficiles, voire impossibles à recycler de manière efficace. Un plastique contaminé peut être de mauvaise qualité après recyclage ou peut nécessiter des processus de nettoyage coûteux.
Il y a aussi le coût économique. Encore mal estimé, il s’avère que recycler le plastique peut être plus coûteux que de produire du plastique neuf, surtout lorsque les prix du pétrole (la matière première du plastique) sont bas. Cela dissuade les entreprises de recycler lorsque le marché ne rend pas cela rentable.
L’empreinte carbone du recyclage n’est pas non plus négligeable.
En l’état actuel des connaissances, il est estimé que les émissions de GES causées par le plastique dans l’Union européennes s’élève à quelques 208 millions de tonnes d’équivalent CO2 (chiffres 2018, source). Presque 6% du total des émissions européennes. Les opérations de production et de transformation en produits représenteraient 85% de ce volume d’émission (soit approximativement 177 millions de tonnes). les 15 % restants étant émises par les opérations de recyclages actuelles. Il est également estimé (ibid) que les processus de recyclage feraient économiser 70% d’émissions de GES par rapport à la fabrication de plastique neuf. Mais cela signifie que même dans une perspective (hautement improbable) d’un recyclage à 100 %, les émissions seraient encore de 53 millions de tonnes (1.5% du total des émissions). Et cela sans compter tous les plastiques qui échapperont au tri et qui se retrouveront toujours dans les océans.
Enfin, pour produire du plastique, il faut continuer à utiliser du pétrole et du gaz dont l’extraction et le raffinage entraînent des émissions de gaz à effet de serre et d’autres polluants atmosphériques (composés organiques volatiles (COV) , oxydes d’azote (NOx), monoxyde de carbone (CO), particules fines). La fabrication, en tant que telle, est énergivore (procédés chimiques industriels).
Mais rien n’arrête le « progrès » !?
Dans le cadre du programme France 2030, Un nouveau programme de recherche porté par le CNRS est lancé afin de « lever les verrous scientifiques et technologiques dans ce domaine » (source). L’un des dix projets du programme, « Recyclage, recyclabilité et réemploi des plastiques » s’attachera en particulier « à étudier le comportement des contaminants dans les plastiques, la chaîne de démontage et désassemblage de structures complexes comme celles de multicouches ainsi que les pistes de recyclage chimique des plastiques » (ibid).
Passer au zéro déchet
Se passer des emballages (ce qui nécessite seulement de prévoir son panier et ses bocaux pour acheter en vrac !) et revenir à la bouteille en verre consignée, permettrait donc déjà d’économiser environ 40% des plastiques produits. En finir avec la profusion d’objet divers en plastique, utiliser le bois pour le mobilier (de récupération de préférence !), ou conserver son vieux téléphone portable et faire réparer son ordinateur au lieu d’en acheter un neuf, permettraient d’économiser encore environ 20% de plastique (soit 60% du total).
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