Pertes des espèces aquatiques

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Pour les espèces de poissons occupant une place de choix dans les économies régionales, les moyens d’existence ou l’alimentation, le déclin s’avère parfois encore plus dramatique. Tel est notamment le cas des Scombridés, famille englobant les maquereaux, thons et bonites : leur indice, basé sur les données de 58 populations appartenant à 17 espèces, a connu une chute de 74 % entre 1970 et 2010 (Figure 3). Bien que le déclin le plus rapide ait été observé entre 1976 et 1990, aucun signe de véritable redressement n’a été observé au niveau mondial (Source : rapport Planète Vivante du WWF, 2015)

Désoxygénation généralisée dans les rivières en réchauffement (Widespread deoxygenation in warming rivers, 2023)

Abstract :

La désoxygénation est couramment observée dans les océans et les lacs, mais elle est moins attendue dans les rivières peu profondes et à courant. Ici, nous avons reconstitué la température quotidienne de l’eau et l’oxygène dissous dans 580 rivières aux États-Unis et 216 rivières en Europe centrale en entraînant un modèle d’apprentissage profond à l’aide de données météorologiques temporelles et de qualité de l’eau et d’attributs statiques des bassins versants (par exemple, hydroclimat, topographie, utilisation des terres, sol). Les résultats ont révélé un réchauffement persistant dans 87 % des rivières et une désoxygénation dans 70 % des rivières. Les rivières urbaines ont affiché le réchauffement le plus rapide, tandis que les rivières agricoles ont connu le réchauffement le plus lent mais la désoxygénation la plus rapide. Les taux moyens de désoxygénation (−0,038 ± 0,026 mg l−1 décennie−1) étaient plus élevés que ceux des océans mais inférieurs à ceux des lacs tempérés. Ces taux peuvent toutefois être sous-estimés, car les données d’entraînement proviennent d’échantillons ponctuels collectés pendant la journée, lorsque la photosynthèse atteint son pic. Les taux futurs projetés sont entre 1,6 et 2,5 fois plus élevés que les taux historiques, ce qui indique des répercussions importantes sur la qualité de l’eau et les écosystèmes aquatiques.

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Accelerated human-induced extinction crisis in the world’s freshwater mammals(Global Environmental Change Advances, juillet 2024)

Extinction accélérée des mammifères d’eau douce du monde due à l’activité humaine

Abstract :

Les activités humaines ont eu un impact considérable sur les habitats naturels et la faune du monde entier, en particulier sur les habitats d’eau douce et les espèces associées. Ces impacts négatifs sur les poissons d’eau douce sont bien connus, mais pour les espèces de mammifères qui utilisent régulièrement les systèmes d’eau douce et en dépendent, la compréhension est incomplète. Nous avons évalué ici l’état des espèces de mammifères d’eau douce et semi-aquatiques habitant et dépendant des écosystèmes d’eau douce (ci-après dénommés mammifères d’eau douce) et évalué l’impact des activités humaines sur la richesse des espèces à la fois à l’échelle mondiale et par région biogéographique. Nous avons utilisé la modélisation par équation structurelle et des modèles autorégressifs simultanés pour évaluer les effets directs et indirects de sept variables liées à l’anthropisation sur la richesse globale des mammifères d’eau douce. Plus précisément, nous avons examiné les effets des perturbations anthropiques sur la richesse des espèces menacées et non menacées, ainsi que sur les espèces dont les populations sont en déclin et stables/en augmentation. Quarante-trois pour cent de toutes les espèces de mammifères d’eau douce sont classées comme menacées à l’échelle mondiale par la Liste rouge de l’UICN, 50 % d’entre elles connaissant un déclin de leur population. En outre, 48 % sont affectés par le commerce intérieur ou international, tandis que 75 % sont confrontés à des menaces liées à l’expansion géographique des activités humaines. L’aridité, la pollution par les pesticides, l’empreinte humaine et les terres cultivées ont eu les effets négatifs les plus forts sur la richesse des mammifères d’eau douce. En revanche, la couverture des habitats d’eau douce (HEE), des terres des peuples autochtones (TPA) et des aires protégées (AP) a contribué à maintenir les espèces de mammifères d’eau douce à l’échelle mondiale, avec un effet positif encore plus fort dans les régions biogéographiques individuelles. Nous concluons que les HEE, les TPA et les AP jouent un rôle essentiel dans la conservation des espèces de mammifères d’eau douce, en aidant à protéger ces espèces de l’extinction. Cependant, les écosystèmes d’eau douce sont rarement le point central des stratégies de gestion de la conservation. Les impacts anthropiques négatifs continus sur ces habitats naturels représentent une menace potentiellement catastrophique et irréversible pour les environnements d’eau douce mondiaux et les espèces, y compris les humains, qui en dépendent. Nous plaidons fortement en faveur de la mise en œuvre de cadres politiques nationaux et internationaux plus solides qui soutiennent des moyens de subsistance alternatifs et durables. De tels cadres peuvent jouer un rôle crucial dans l’atténuation des pressions anthropiques, contribuant ainsi à atténuer le risque d’extinction auquel sont confrontés ces écosystèmes vitaux et les espèces de mammifères d’eau douce du monde.

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Un indice de risque climatique pour la vie marine (Nature Climate Change, Août 2022)

Abstract :

Le changement climatique a un impact sur la quasi-totalité de la vie marine. Les stratégies d’adaptation nécessiteront une solide compréhension des risques pour les espèces et les écosystèmes et de la manière dont ceux-ci se propagent aux sociétés humaines. Nous développons un indice unifié et spatialement explicite pour évaluer de manière exhaustive les risques climatiques pour la vie marine. Dans des conditions d’émissions élevées (SSP5-8.5), près de 90 % des quelque 25 000 espèces sont exposées à un risque élevé ou critique, les espèces étant en danger dans 85 % de leur aire de répartition naturelle. Un dixième de l’océan contient des écosystèmes où le risque climatique agrégé, l’endémisme et la menace d’extinction de leurs espèces constitutives sont élevés. Le changement climatique représente le plus grand risque pour les espèces exploitées dans les pays à faible revenu qui dépendent fortement de la pêche. L’atténuation des émissions (SSP1-2.6) réduit le risque pour pratiquement toutes les espèces (98,2 %), améliore la stabilité des écosystèmes et profite de manière disproportionnée aux populations en situation d’insécurité alimentaire dans les pays à faible revenu. Notre évaluation des risques climatiques peut aider à prioriser les espèces et les écosystèmes vulnérables pour les efforts de conservation marine et de gestion des pêches adaptés au climat.

Lire l’étude (accès payant)

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