« Il arrive (…) que le réchauffement précède une augmentation de la concentration en CO2 et non l’inverse comme le veut la théorie officielle » (1). Il n’est pas rare de lire et entendre, encore aujourd’hui, ce genre de propos qui, malheureusement pour leurs auteurs, ne résistent pas à l’état des lieux de nos connaissances en matières de climatologie et de paléoclimatologie ! Explications.
Pour répondre à ces questions, il faut d’abord (ré)expliquer les processus physiques complexes qui établissent le lien entre rayonnement et gaz à effet de serre (source IPSL). En résumé, la Terre reçoit du Soleil de l’énergie sous forme d’un rayonnement électromagnétique qui va du domaine des ultraviolets à celui des infrarouges (tous deux invisibles à l’œil humain), en passant par la lumière visible. Une grande partie de ces rayonnements traverse sans obstacle l’atmosphère terrestre et chauffe les surfaces continentales ou océaniques. La Terre émet, elle aussi, de l’énergie. Ce rayonnement électromagnétique se fait principalement dans l’infrarouge.

Or l’atmosphère constitue un milieu opaque pour une grande partie de ces longueurs d’ondes à cause de certains gaz comme le CO2, la vapeur d’eau, le méthane, le protoxyde d’azote, l’ozone ou les fréons. La température de la Terre est donc le fruit de l’équilibre entre l’énergie reçue du Soleil et l’énergie émise par la Terre et en partie captée par les gaz à effet de serre. Il faut rappeler que l’effet de serre a été mis en évidence, dès le XIXe siècle, par des scientifiques comme Joseph Fourier ou Svante August Arrhenius. Aujourd’hui, Les différents modèles élaborés par des centaines d’équipes au niveau mondial montrent tous une corrélation entre concentration en CO2 et température terrestre et ils prédisent tous un réchauffement de la Terre à cause des émissions humaines de CO2. Il y a encore un débat sur l’ampleur de ce réchauffement mais son principe ne fait aucun doute.
Pour en revenir précisément à l’argument climato sceptique, il relève d’une interprétation simpliste des données. Ainsi, pour le dire schématiquement, on peut effectivement observer des périodes durant lesquelles des réchauffements de températures ont précédé des émissions de Co2 (principalement lors des transitions entre périodes glaciaires et interglaciaires durant les derniers millions d’années). C’est ce que semblaient montrer des enregistrements de carottes glaciaires, en particulier celles de Vostok en Antarctique, qui identifiaient un léger décalage, d’environ 700 à 1000 ans, entre l’augmentation des températures et celle du CO₂. Ce réchauffement entraînait la libération de CO₂ des océans et d’une partie des sols : une eau plus chaude retient moins bien le CO₂. De même, les sols des régions arides ou gelées (comme la toundra) commencent à dégeler et à relâcher du CO₂. Ces émissions viennent ensuite amplifier le réchauffement par effet de serre, dans un phénomène de « rétroaction positive ». Mais attention, non seulement ces observations ne peuvent remettre en question le réchauffement actuel généré totalement par les émissions de GES, mais elles sont également remises en cause ! En effet, les mesures sont plus compliquées à faire qu’il n’y paraît. « Alors que les variations de température sont enregistrées en surface des calottes polaires, les bulles de gaz sont piégées à une centaine de mètres de profondeur. Il existe donc un décalage en profondeur entre l’enregistrement de température et l’enregistrement de CO2 pour un âge donné » et « La dernière déglaciation est survenue il y a entre 20 000 et 10 000 ans dans le passé. Les études les plus récentes à son sujet contredisent les premières études – qui montraient un retard du CO2 – et elles suggèrent que le CO2 et la température en Antarctique ont commencé à augmenter en même temps. Le CO2 apparaît donc comme une cause potentielle des déglaciations passées ». (source IPSL).
Régis Dauxois, Décembre 2024
(1) « Climat de panique »- Yves Lenoir, 2001