PNACC 3… Vous avez dit « adaptation » ?

Sa sortie avait été repoussée à plusieurs reprises. Le troisième Plan national d’Adaptation au Changement climatique (« PNACC 3 »)  est finalement paru le 25 octobre. Las, sa lecture révèle un nombre impressionnant de vœux pieux, d’orientations éthérées, sans aucunes assises budgétaires, sans engagements pratiques. Le PNACC3 est… lamentable et dangereux. Mais faut-il s’en étonner ?

Lamentable car l’ensemble des pseudos « mesures » ne répondent aucunement aux enjeux réels. Dangereux, par ce qu’il sous-estime volontairement  tous les impacts – hautement probables – que déclencheraient une élévation de + 4°C au-dessus des niveaux préindustriels (ce qui correspondant à une élévation moyenne mondiale de + 3°C). Ce « document de présentation »  va être soumis à la consultation publique jusqu’au 27 décembre. Il faut rappeler que les deux autres documents qui viennent, avec le PNACC, constituer la « Stratégie française énergie-climat », à savoir la troisième programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE 3) et la Stratégie nationale bas carbone (SNBC 3) sont soumis « à l’avis des citoyens » depuis début novembre. En support donc de cette consultation publique : un texte fort concis d’à peine 70 pages. Si l’on décompte le verbiage des longs chapitres d’introduction, de la présentation du mode de concertation à l’évocation plus qu’approximative des travaux scientifiques en passant par le très lénifiant énoncé des « grands principes », il faut attendre la quinzième page pour commencer à découvrir les résumés des « grands axes ».

Après nous avoir bien expliqué ce dont ils allaient parler, les auteurs en arrivent aux « 14 mesures principales » (il y en a 51 en tout). Mais il n’y a toujours nulle trace de « concret » !

Ainsi, à titre d’exemple, citons la seconde mesure portant sur l’épineuse question assurantielle : « Le maintien d’une mutualisation large des risques climatiques à travers une offre assurantielle à tarification abordable et disponible sur tout le territoire constitue un enjeu fort dans les zones très exposées aux risques climatiques, en particulier dans les Outre-mer où le phénomène de non assurance est très marqué. Afin de garantir cette solidarité entre les assurés face aux effets des phénomènes climatiques, qui est un fondement du régime d’indemnisation des catastrophes naturelles, le Gouvernement visera à inciter les assureurs à maintenir une offre assurantielle à tarif abordable sur l’ensemble du territoire. Pour cela, un observatoire de l’assurance des risques climatiques sera mis en place pour renforcer la transparence sur l’évolution des pratiques assurantielles au niveau national »… Ou l’art d’écrire pour ne strictement rien dire ! Ne cherchez pas d’autres éléments concrets dans les 50 mesures suivantes, vous perdriez votre temps, car toutes sont rédigées dans la même « veine ».  Et la partie du « plan » ( ?) sur le « détail des mesures » ne vous rassurera aucunement sur l’ancrage au sol de nos gribouilles ministériels…

En conclusion 

Ce document est une coquille vide. Il confirme un fait bien établi : la « transition / bifurcation » ne pourra être l’œuvre que des luttes et des initiatives de terrain (en lien avec des élu.es locaux bien plus connectés au réel). Mais il constitue aussi une œuvre majeure de désinformation et il va nous obliger à redoubler d’effort pour expliquer à quoi pourrait ressembler un « monde à + 4°C » avec ses tempêtes, inondations monstrueuses, chaleurs humides létales, disettes et famines en raison de l’effondrement des rendements agricoles, manque d’eau (et autres réjouissances » !). Un monde dans lequel, il sera en réalité bien difficile ou quasi impossible de s’adapter (selon les régions du monde).

Régis Dauxois, décembre 2024

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