Pourquoi nous sommes en « alerte rouge »

En octobre dernier, et deux semaines avant l’ouverture de la COP29, l’édition 2024 du Emissions Gap Report pose un diagnostic clair : à savoir, nous avons deux chances sur trois que le réchauffement climatique mondial reste en dessous de 3,1° C à l’horizon 2100, du moins si nous restons dans le cadre des politiques actuelles…  D’autres rapports et études viennent confirmer le caractère littéralement catastrophique de la situation…

Le programme des Nations Unies pour l’Environnement présente les choses ainsi, et ce ne sont donc pas des militants du climat et du Vivant qui le disent : « Alors que les impacts du changement climatique s’intensifient à l’échelle mondiale, le « Rapport sur l’écart entre les besoins et les perspectives en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre 2024 : plus de paroles en l’air, s’il vous plaît ! » indique que les pays doivent faire preuve d’une ambition et d’une action nettement plus fortes lors de la prochaine série de contributions déterminées au niveau national, faute de quoi l’objectif de 1,5 °C fixé par l’Accord de Paris sera irréaliste d’ici quelques années ».

Mais il pourrait bien s’avérer que la barre des +1,5° C soit déjà atteinte.

En effet, le 7 novembre, le service européen Copernicus estimait « qu’il est désormais certain que 2024 sera l’année la plus chaude jamais enregistrée et la première année avec plus de 1,5% C au-dessus des niveaux préindustriels ». En climatologie, la question de la température moyenne s’établit sur des périodes longues (de trente ans). Il s’agira donc de voir si les prochaines années confirment ce franchissement ou non. Cela étant dit, l’ensemble des recherches actuelles et l’augmentation globale des émissions mondiales (source OMM), ne nous invitent pas à l’optimisme, que ce soit sur le plan du climat ou de la biodiversité.

Adaptation ? Quelle « adaptation » ?

Si nul ne conteste aujourd’hui la nécessité de concevoir et de mettre en œuvre des politiques d’adaptation, en plus des politiques d’atténuation, ce que nous pouvions redouter est en train de se produire. Les discours lénifiants sur l’adaptation viennent prendre le pas sur ceux visant à s’attaquer aux causes du problème !

Autrement dit : « ne vous inquiétez pas de votre mode de vie, il perdurera, car nous nous adapterons ». Le dernier PNACC3 est très révélateur de cette approche autant mensongère que… suicidaire ! Faire croire que l’on va pouvoir garantir « la prospérité du pays » (sic) simplement en prenant quelques bonnes mesures d’adaptation est une aberration criminelle.

Non seulement les actions d’adaptation sont limitées physiquement mais votre « mode de vie » n’est pas maintenue et vous pouvez oublier « la prospérité économique » dans un monde où il sera impossible de maintenir les taux de productivité actuels et où les coûts des chantiers indispensables, pour survivre, vont venir lourdement impacter le « développement » tel que nous le concevons aujourd’hui. Vous ne vous adaptez pas à une vague de chaleur humide létale : vous vivez sous climatisation, en aggravant par conséquent le réchauffement et à compter que le réseau électrique soit en mesure de supporter la demande énergétique que cela représente, – et si la climatisation s’arrête, vous mourez en quelques heures – ou vous allez vivre sous terre ! Pour conclure : il serait peut-être grand temps que chacun ouvre les yeux. Nous pouvons toutes et tous agir, au moins là où nous sommes : dans sa zone d’habitation, dans son milieu professionnel, dans son organisation syndicale, son association, etc.

Le sujet de la « transition / bifurcation » n’est pas un « point annexe » ! C’est une PRIORITE D’URGENCE ABSOLUE.

Régis Dauxois, Décembre 2024

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