Préserver le « triangle du corail »

Le développement des concessions pétrolières et gazières dans le « Triangle du corail » de l’océan Pacifique, surnommé « l’Amazonie des mers », multiplie le trafic maritime et fait courir des risques de « marées noires », dénonce le rapport d’earth-insight. Extraits…

Le triangle de corail

Situé dans les eaux tropicales qui relient les océans Indien et Pacifique, le Triangle de corail est l’une des régions marines les plus riches en biodiversité au monde. S’étendant sur plus de 10 millions de kilomètres carrés, cet écosystème unique s’étend sur sept pays d’Asie du Sud-Est et de Mélanésie : l’Indonésie, la Malaisie, la Papouasie-Nouvelle-Guinée, les Philippines, Singapour, le Timor-Leste et les Îles Salomon. La diversité marine impressionnante du Triangle de corail lui a valu le surnom d’« Amazone des mers ». Ses eaux abritent 76 % des espèces de coraux connues au monde et plus de 2 000 espèces différentes de poissons coralliens. Il abrite six des sept espèces de tortues marines et sert de lieu d’alimentation aux baleines et autres mammifères marins, dont de nombreux petits cétacés menacés. Aux côtés de ces écosystèmes riches en biodiversité vivent plus de 120 millions de personnes qui dépendent des ressources naturelles pour leur subsistance.

La croissance démographique et les besoins de développement devraient tripler la consommation d’énergie en Asie du Sud-Est d’ici 2050. Cette demande accrue, combinée à un financement limité pour les énergies renouvelables et au manque de planification pour une transition énergétique, suggère que la région ne parviendra probablement pas à atteindre ses objectifs de décarbonation à long terme, se tournant plutôt vers les combustibles fossiles facilement disponibles pour répondre aux besoins urgents.

L’exploitation pétrolière et gazière en Asie du Sud-Est constitue une menace pour le Triangle de corail. Il existe plus de 100 blocs pétroliers et gaziers offshore connus qui sont actuellement en production dans la région ; ces blocs couvrent plus de 120 000 kilomètres carrés de zone marine, soit environ 1 % du Triangle de corail.

Une nappe de pétrole provenant du pétrolier Princess Empress, coulé aux Philippines.

À l’avenir, plus de 450 blocs sont en cours d’exploration en vue d’une future extraction de pétrole et de gaz ; ces blocs couvrent 1,6 million de kilomètres carrés supplémentaires. Si tous les blocs devaient entrer en production, environ 16 % du Triangle de corail seraient directement touchés par l’exploitation des combustibles fossiles. Ensemble, les blocs de production et d’exploration couvrent une superficie plus grande que l’Indonésie. La région a déjà connu des fuites de pétrole qui ont eu des conséquences sur la vie marine et sur les communautés qui dépendent de l’environnement pour vivre et travailler. En 2009, le champ pétrolier de Montara, dans la mer de Timor, a laissé échapper l’équivalent de 400 barils par jour pendant 74 jours. La nappe a atteint le Triangle de corail au bout de quelques jours, détruisant les moyens de subsistance de milliers de cultivateurs d’algues en Indonésie.

La pollution pétrolière est également liée au trafic maritime dans la région, en raison des naufrages de pétroliers et du déversement de produits pétroliers dans les cales. Depuis 2020, 793 nappes de pétrole ont été visibles dans le Triangle de corail sur des images satellite analysées par SkyTruth.

Lire le rapport ICI.

Regis Dauxois, décembre 2024

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